samedi 30 mars 2013

Chapitre 3



Idolâtrie dictatoriale : v 1 à 7

Eclairé sur l’identité du Dieu véritable, le roi Nabuchodonosor n’en tire pas pour autant les leçons qui s’imposent. Beaucoup de ceux qui entendent l’Evangile lui ressemblent. Saisis à un moment donné par la révélation de Jésus-Christ, ils ont semblé y adhérer avec enthousiasme. Le temps passant, on remarque que l’engouement initial n’est plus là. Encore un peu et nous les retrouvons tels que nous les avons connus avant qu’ils n’entendent le beau message qui paraissaient les avoir subjugués.

Jésus nous a prévenus. Le cœur humain est versatile. Il faut du temps pour le connaître et juger chez chacun de la profondeur de l’enracinement de la foi et de l’attachement à Dieu. Sur quatre personnes différentes, trois semblent réagir positivement. Mais à la fin, il n’en reste qu’une seule en qui la révélation pénètre et porte du fruit (et encore selon des proportions différentes) : Matthieu 13,18 à 23. Nous pouvons nous étonner de la versatilité de Nabuchodonosor. Elle n’est que la confirmation de l’enseignement que nous donne le Seigneur sur la connaissance pratique qu’Il a du cœur humain !

Le projet idolâtre de Nabuchodonosor décrit ici n’est que l’expression d’une autre facette de ce cœur mauvais et rebelle à Dieu qui caractérise l’homme naturel. Que l’homme ait un peu de pouvoir et aussitôt le voilà qui se prend pour un dieu ! Il croit pouvoir détourner et s’arroger la gloire qui ne revient qu’à Dieu. Telle sont la nature et l’essence même du péché : vouloir être comme un dieu, alors que nous ne sommes que Son image créée : Genèse 3,5. Rapidement, on se rend compte cependant qu’une telle position ne lui convient pas. Devenu dieu, l’homme ne sait pas vivre comme tel. Rebelle au vrai Dieu, il ne supporte pas qu’on le soit à sa propre image. Aussi doit-il, pour obliger autrui à le respecter, faire usage de la menace et de la terreur. L’homme peut se hisser à la position de Dieu ! Mais quelle gratification en a-t-il lorsqu’il sait que ce n’est ni par admiration, ni par allégeance que ses sujets se prosternent devant lui, mais par contrainte ?

Rebelles à l’ordre du roi : v 8 à 23

On pourrait penser qu’après leur élévation au poste d’administrateurs de la province de Babylone, les amis de Daniel se trouvent en sécurité. Il n’en est rien ! La sécurité de l’enfant de Dieu ne se trouve jamais dans la position qu’il occupe, fut-il partie du cercle du pouvoir. Le serviteur de Dieu reste un étranger dans ce monde. Loin de le protéger, le prestige dont il peut jouir ne fait qu’augmenter ses ennemis, jaloux de son rang. Le serviteur de Dieu doit apprendre dans ce monde que le seul qui soit immuable et digne de confiance est son Dieu ! L’histoire le montre une fois de plus ici : l’homme est trop versatile pour être fiable. Jésus en a aussi fait l’expérience avec les changements d’humeur des foules à Son égard. Celui qui nous honore aujourd’hui peut demain être celui qui nous hait. Nous ne sommes des amis pour le monde que pour autant que nous lui sommes utiles. Mais que nous nous montrions rebelles, du fait que, en conscience, nous ne pouvons le suivre dans ce qu’il exige de nous, et nous verrons bientôt son amitié se changer en hostilité la plus féroce.

Dénoncés par des Chaldéens, Shadrak, Méskak et Abed-Négo, pour qui l’ordre du roi paraissait comme une abomination et une offense à Dieu, se virent contraints de s’en expliquer devant lui. Pour l’heure, l’intention du roi n’est pas de les condamner, mais de les faire entrer dans le rang. Ordre leur est donc donné, au moment où ils entendront le son des instruments de musique, de se prosterner pour adorer la statue érigée par le souverain. Les trois compagnons prirent les devants. Nul besoin de faire le test ! Leur décision est prise ! Elle est une résolution : que leur Dieu, qui en est capable, les délivre ou non de la menace qui pèse sur eux (être jeté vivant dans la fournaise ardente), ils Lui resteront fidèles. Il n’est pas question pour eux de compromis sur le sujet ! Leur prise de position solidaire et commune valide les propos de Jésus sur la force qui se trouve dans un noyau de disciples unis en Lui : Matthieu 18,20. Le monde, avec sa puissance, peut vouloir l’anéantir : il est indestructible !

Furieux de ce qu’il ait en face de lui des rebelles qui refusent de plier le genou, Nabuchodonosor mit sa menace à exécution. Il ordonna, comme si cela changeait quelque chose, que la fournaise soit chauffée sept fois plus que d’habitude. Tout ce qu’il y gagna fut de faire périr des innocents, les gardes qui y jetèrent les trois hommes. L’homme qui se prend pour dieu est incapable de se contenir. Il n’a pas de pire ennemi que lui-même, sa colère qui, inévitablement, est souvent cause de la mort de victimes collatérales innocentes. Rien n’est plus terrible chez l’homme, que son égo chauffé à blanc, image de cette fournaise qui dévore tout et ne supporte aucune contradiction. Quand cet égo est au pouvoir, c’est tout le peuple sur lequel il règne qui en souffre ! Que Dieu nous préserve par-dessus tout de nous-mêmes !

Sauvés de la fournaise : v 24 à 30

A l’heure où ils sont menés vers la fournaise ardente, les trois amis de Daniel ne savent pas ce qu’il va advenir d’eux. Quelle que soit l’issue qui leur est réservée, leur décision est prise : ils resteront fidèles à la foi qui les habite. Nous aurions tort de penser que la foi véritable ne se traduit que par des œuvres éclatantes ou des délivrances prodigieuses. Mourir dans la fidélité à ses convictions n’est pas preuve d’échec. Au contraire ! La galerie des héros de la foi honore tout autant le souvenir de ceux qui virent la puissance de Dieu à l’œuvre pour leur salut ou la réalisation d’exploits que celui des martyrs qui périrent, parfois dans des conditions atroces, en vertu de la même foi : Hébreux 11,32 à 40.

A la gloire de Dieu et pour leur bonheur, c’est dans la première catégorie que se range ici le vécu de Shadrak, Méshak et Abed-Nego. Trois à la porte de la fournaise, ils se retrouvent, à la stupéfaction générale, à quatre à l’intérieur. L’enfant de Dieu doit le savoir. Quel que soit le type de tribulation par laquelle il passe, il ne sera jamais seul à l’affronter. Il peut compter sur la présence, le soutien personnel de Dieu à ses côtés. La fidélité à Dieu du croyant garantit la fidélité de Dieu envers lui dans les moments les plus difficiles de sa vie. La protection de Dieu envers les amis de Daniel défie les plus grandes inventions de l’homme dans le domaine. Elle est totale, intégrale et si efficace qu’ils sortiront de là comme s’il n’y avait jamais été. Leur expérience nous rappelle que lorsque Dieu sauve, guérit, libère, Il ne le fait pas à moitié. Dieu ne guérit pas l’aveugle que d’un œil ou le sourd que d’une oreille : cf : Marc 8,22 à 26. L’œuvre de Dieu est toujours parfaite ! Dans le cas présent, s’attendre à moins serait inenvisageable. Les amis de Daniel ne pouvaient sortir de la fournaise avec des brûlures au 3ème degré sur tout le corps. C’est indemne, sans aucune trace des effets de la chaleur et des flammes, que Dieu les présentera au roi médusé.

Placé pour la seconde fois devant la grandeur du Dieu d’Israël, Nabuchodonosor comprend son erreur. Il loue le courage et la fidélité dont ont fait preuve les amis de Daniel et bénit à nouveau le Dieu duquel ils témoignent. L’œuvre de Dieu en faveur des trois hommes tourne à la confusion de leurs accusateurs. Au lieu d’être éliminés, ils finissent par être davantage honorés. Si Dieu est pour nous, demande Paul, qui sera contre nous ? : Romains 8,31. Toutes choses, y compris les œuvres du mal à notre encontre, concourent finalement à notre bien : Romains 8,28. Que la foi en la souveraineté totale de notre Dieu soit la force qui, en tout temps, nous aide à tenir debout !

mercredi 27 mars 2013

Chapitre 2



Le rêve de Nabuchodonosor : v 1 à 11

Si le premier chapitre révélait à quel point la souveraineté de Dieu s’exerce sur les Siens, quelles que soient les circonstances dans lesquelles ils se trouvent, le second va plus loin encore en manifestant la pleine mainmise de Dieu sur tout être. Après Daniel et ses amis, c’est maintenant à Nabuchodonosor, le grand roi de Babylone, d’être soumis à l’action de la providence divine. Tout roi qu’il est, le souverain de Babylone n’est pas libre de ses mouvements. Ce qui se passe ou se produit en lui n’est pas le résultat de son propre choix, mais le fruit de l’action mystérieuse et souveraine de Dieu. Tel est, en premier lieu, l’enseignement que nous prodigue l’histoire du rêve qui tourmenta Nabuchodonosor !

A l’origine du rêve du roi, la puissance influente de la souveraineté de Dieu ne se limite pas à cette initiative. Elle est aussi à la source de la décision insensée du roi d’obliger, sous peine de menace de mort, les sages de son royaume de lui en donner à la fois le contenu et l’explication. Avec raison, ceux-ci s’indigneront d’une telle demande. Ce qu’exige le roi ne relève pas des possibilités humaines, mais du domaine des dieux qui, seuls, possèdent les attributs les rendant capables d’y répondre. Aussi déraisonnable soit-il, l’entêtement du roi à formuler des exigences qui dépassent le cadre des capacités humaines sera l’outil de Dieu pour magnifier Son nom et faire de Ses serviteurs les instruments du témoignage rendu à Sa grandeur ! Tout, sur la terre et dans les cieux, est de Lui, par Lui et pour Lui !

Qu’il est bon de pouvoir connaître Dieu, de saisir qui Il est. L’œuvre dans laquelle Il nous engage n’est pas la nôtre, mais la Sienne. Il règne et Sa domination s’exerce sur tous ! Que cette certitude habite nos vies et soient le moteur de notre foi, la source de notre repos et la raison de nos actions !

Daniel reçoit l’explication du rêve : v 12 à 24

Exilés à Babylone contre leur gré, Daniel et ses amis se retrouvent de plus ici prisonniers d’une situation bloquée. Nabuchodonosor, le roi, est inflexible dans sa position. Il n’y reviendra pas. Les sages, mis à l’épreuve, sont dans l’impuissance. Parce qu’ils ne sont pas des dieux, ils sont incapables de satisfaire aux exigences du souverain quant au rêve qu’il a eu et son interprétation. Si, sur le plan humain, l’antagonisme qui oppose les deux parties est insoluble, l’impossible n’est pas un attribut qui convient à Dieu. Daniel, son serviteur, le sait. Conduit par Dieu, il va obtenir du roi deux permissions qui, en l’état, relèvent du miracle : que le roi revienne de sa colère et de l’inflexibilité de sa position et accorde à Daniel un délai pour chercher Dieu et recevoir de Lui la réponse à sa demande.
L’attente de Daniel ne durera pas. Ayant sollicité la prière de ses amis sur ce sujet, il recevra la nuit même à la fois la révélation du songe du roi et son interprétation. La souveraineté de Dieu seule est capable, à certains moments, d’ouvrir une issue là où tout semble fermé. Suffisante en elle-même, elle se plaît cependant à s’aliéner la collaboration des hommes. Nos dons, notre engagement, nos prières ne sont pas vains, inutiles. Ils sont le concours humain que Dieu souhaite dans la façon par laquelle Il magnifie Son nom parmi les hommes.

Visité par Dieu, Daniel ne peut qu’éclater en louanges ! La révélation dont il a été l’objet au cœur de l’impasse dans laquelle il se trouvait, témoigne mieux que des mots de ce que renferme l’attribut de souveraineté dont l’Eternel seul est paré. Parce qu’Il est souverain, Dieu est celui qui seul possède sans limite l’intelligence, la sagesse et la force Il est Celui qui seul a autorité sur les rois, les temps, les circonstances. Il est seul Celui qui connaît l’avenir et peut révéler à qui il veut ce qui est caché, inconnu, inaccessible à la connaissance. Fort de l’appui, du soutien d’un tel Dieu, Daniel n’a plus rien à craindre. Il peut aller voir le roi et confronter sa superbe à celle de son Dieu ! Que dans notre relation avec Lui, l’humilité, l’attente de la foi et la dépendance dont Daniel fit preuve habitent aussi en nous !

Témoignage de Daniel auprès du roi : v 25 à 30

Instruit par Dieu au sujet du rêve du roi, Daniel fut promptement conduit auprès de lui. Après tout ce qu’il a vécu, le temps est arrivé pour lui d’être l’outil de Dieu, le témoin au travers duquel Nabuchodonosor, le grand roi, doit être confronté à Dieu, le Dieu du ciel, le seul vrai et unique Dieu. D’entrée, Daniel réaffirme ce que les sages et les mages du royaume ont dit au roi. Ce qu’il demande ne fait pas partie des domaines dans lesquels peut s’aventurer la science ou la connaissance, qu’elles soient humaines ou occultes. Mais, dit Daniel au roi, il y a un Dieu au ciel, un Dieu souverain à qui rien n’échappe, auquel rien ne peut être soustrait. Ce Dieu, qui est au-delà du temps, a la pleine maîtrise de toutes choses. Il les domine, les pénètre à tel point que, quel que soit le degré de mystère qu’elle renferme pour les hommes, Il peut parfaitement, de manière précise et détaillée, les révéler. Le rêve qu’a eu le roi a une raison et un sens : il cherche à lui faire connaître ce qui arrivera après lui. Il correspond exactement aux préoccupations qui agitent le cœur du roi. Il touche à la question qui hante sans doute de nombreux souverains dans ce monde : et après moi…

Quelle grâce, quel privilège sont les nôtres d’avoir un Dieu tel que notre Dieu ! Notre Dieu n’est pas un Dieu du passé ! Il est le Dieu de l’avenir, Celui qui conduit toutes choses à bonne fin, selon Son dessein et le bon plaisir de Sa volonté. Qui marche avec Lui n’est plus dans les ténèbres. Il sait où il va et, dans une mesure suffisante, ce qui va se passer avec lui et après lui. Il sait où ses pas le mènent et quelle destinée lui est réservée. Il sait aussi vers quelle fin va l’histoire et à quelle gloire elle aboutit. Tout ceci, qui est caché au roi, va lui être révélé par le prophète. Dieu, notre Dieu, est un Dieu qui veut que nous sachions ! Ne nous privons pas de la révélation qu’Il nous apporte dans Sa connaissance !

Le rêve du roi et son explication : v 31 à 45

S’adressant au roi, Daniel lui fit part de la vision qui avait agité sa nuit et perturbé son sommeil. Comme il le lui avait dit en préambule, son objet répond aux interrogations profondes du cœur du souverain, à savoir ce qui arrivera dans la suite des temps. La vision touche au règne de Nabuchodonosor, mais pas seulement. Comme le ferait un phare perçant la nuit, elle projette sa lumière dans le futur jusqu’au point le plus important de l’histoire : l’irruption du seul royaume qui effacera tous les autres et ne sera jamais renversé. Prenons quelque temps pour examiner quelques détails de la vision !

1.       Des royaumes :

La vision du roi se présente sous la forme d’une statue d’une seule pièce, faite de matériaux composites. La tête, qui représente le royaume babylonien, est d’or, le métal le plus précieux. La poitrine et les bras, qui symbolisent le royaume qui suivra, sont faits d’argent, un matériau moins noble. Le troisième royaume, représenté par le ventre et les cuisses de la statue, sera de bronze. Sa puissance sera telle qu’il dominera la terre entière. Puis viendra le dernier, figuré par les jambes de fer et les pieds de fer mêlés d’argile. Le dernier royaume est celui qui, dans l’explication que donne Daniel, occupe la plus large place. La caractéristique de ce royaume est double. Il sera à la fois terrible, cassant et pulvérisant tout sur son passage et marqué par une certaine fragilité due à la nature des alliances sur lesquelles sa force est bâtie.

Quoique différents et consécutifs les uns aux autres, les quatre royaumes décrits par Daniel sont tous du même cru. Ils expriment les empires qui se succéderont à partir de celui de Babylone. A vue humaine, ceux-ci semblent s’opposer l’un à l’autre, puisque c’est sur les ruines du précédent que semble s’ériger le suivant. En réalité, ils forment un tout qui possède la même identité, les mêmes caractéristiques. La disparité des métaux qui symbolisent les différentes parties témoignent d’une réalité : les empires qui se succèdent ne s’améliorent pas, mais dégénèrent. Plus le temps passe, plus on s’éloigne de ce qui est précieux pour aller vers le commun et le pire. La composition de la statue témoigne de la fausseté de l’idée de progrès des civilisations. Si ce n’est la main de Dieu qui veille et préserve le monde, depuis longtemps celui-ci aurait sombré dans la barbarie. Les quatre royaumes symbolisent dans l’histoire quatre empires qui se sont succédés : l’empire babylonien (la tête d’or), les Mèdes et les Perses (la poitrine et les bras), les Grecs avec Alexandre le Grand (le ventre et les cuisses de bronze) et l’empire romain (les jambes de fer et les pieds de fer mêlés d’argile).

2.       Un royaume

Outre la statue, la vision du roi mentionne un autre élément : l’irruption dans l’histoire d’un royaume qui détruira les autres et durera pour toujours. Si, dans le rêve du roi, la statue est impressionnante et première, elle n’est pas pour autant l’objet principal du rêve. La statue n’est là que pour une seule cause : mettre en valeur la puissance du royaume qui vient, représenté par la petite pierre, et situer la période historique de son avènement. De toute évidence, ce qui est au cœur de la révélation donnée par Dieu à Nabuchodonosor n’est pas la statue, si forte et puissante paraisse-t-elle. C’est plutôt ce qui la détruira, l’anéantira : la puissance étonnante d’un royaume si faible en apparence et dans sa forme.

La vision donnée au roi au sujet de ce royaume appelé à durer pour toujours est précise. Elle n’a rien de flou, de sujet à spéculation pour être comprise. Le royaume est représenté par une « pierre qui se détache d’une montagne sans le secours d’aucune main : v 34,45. » Contrairement à la statue, faite de matériaux composites, ce royaume ne sera pas le résultat d’une construction ou d’un assemblage qui soit l’œuvre des hommes. C’est un royaume qui vient d’en haut vers le bas et qui devra son irruption comme sa cause au Dieu du ciel. Céleste dans son origine, il le restera dans son expression. Le royaume de Dieu n’a rien à voir avec les royaumes de ce monde. Comme la pierre est extérieure à la statue, le royaume de Dieu est extérieur au monde. Il est dans le monde, mais il n’est pas de ce monde. C’est pourquoi, toute tentative de l’intégrer, de l’associer ou de l’assimiler au monde n’est qu’une perversion du but et de l’objet de sa venue : cf Jean 18,36. Le royaume de Dieu n’a rien non plus dans son aspect qui ressemble à celui du monde. Il n’est pas fait de la même matière, ni n’a la même apparence. Là aussi, toute tentative de le conformer à ce qui existe par ailleurs est une altération de ce qui en est la nature. Le royaume de Dieu tient à un seul élément : une pierre, celle qui fut rejetée par les bâtisseurs, mais choisie et précieuse devant Dieu : 1 Pierre 2,6-7. Tout tient à elle et en elle. Tout ce qui n’est pas elle ne saurait en faire partie, même s’il s’en revendique.

Le point exact où la pierre touche la statue situe le moment où le royaume de Dieu fera son apparition dans le monde. La pierre frappe les pieds qui symbolisent dans la statue le 4ème royaume : l’empire romain. Au temps fixé par Dieu, le Christ est entré dans le monde : Michée 5,2 ; Galates 4,4. Ce temps précis correspond au moment exact du recensement ordonné par l’empereur romain : Luc 2,1, décret qui obligea Joseph et Marie à se rendre à Bethléem, ville de David, lieu où, selon la prophétie, devait naître le Messie : Luc 2,2 à 7 ; Michée 5,1. La naissance de Jésus dans ce monde accomplit à la lettre toutes les prophéties, celles qui ont pour objet les Juifs, peuple élu, et celles qui touchent à l’histoire des nations. La crédibilité de la Parole de Dieu tient au fait que ce qui s’accomplit a été annoncé longtemps d’avance : Esaïe 41,26 ; 46,10. Nul autre livre ne lui est comparable !

Elévation de Daniel : v 46 à 49

Saisi par l’exactitude des propos de Daniel et la révélation que lui apporte l’explication qu’il donne de son rêve, Nabuchodonosor, si grand soit-il, ne peut réagir que d’une seule manière. Suivant l’élan de son cœur, il tombe face contre terre devant Daniel et déclare reconnaître le caractère unique, supérieur et souverain du Dieu dont il est le serviteur. Le renversement est spectaculaire. Alors que, dans son intention première, il voulait faire de Daniel et de ses amis des sujets de l’élite babylonienne, c’est lui qui, en fin de course, se retrouve à terre pour se déclarer sujet du Dieu de ceux-ci.

L’effet produit par la révélation apportée par Daniel ne s’arrête pas là. Il ne se limite pas à la conversion spirituelle du roi. Il retombe en bien sur ceux qui en furent les agents. Elevé par le roi, couvert de riches présents, Daniel se voit promu commandeur de la province de Babylone et nommé chef de tous les sages du royaume. Ses amis partagent cette gloire collatérale, en étant, sur la demande de Daniel, chargés de toute l’administration de la même province. Daniel fait partie de l’élite. D’une certaine façon, le roi a atteint son objectif. Mais Daniel n’a rien perdu. Il n’a rien dû sacrifier de son identité spirituelle. C’est tel qu’il est qu’il occupe la position à laquelle le roi l’a élevé. Fidèle à Dieu, entouré par Sa grâce, il ne s’est pas mis en marge, mais a trouvé sa place dans le système dans lequel, par force, on l’a contraint à vivre.

Daniel est la démonstration de la capacité qui est donnée aux enfants de Dieu de vivre dans le monde sans être du monde : ce qui est la volonté du Christ pour chacun de Ses disciples : Jean 17,9 à 11,14 à 16. Face à la puissance et la pression du système qui voudrait nous formater, nous couler dans la masse, Daniel nous encourage à ne pas céder, ni craindre. Celui qui vit en nous est plus fort que celui qui est dans le monde : telle est la victoire de notre foi qui, par le Christ ressuscité, triomphe du monde : 1 Jean 5,4-5. La question se pose pour chacun : sommes-nous des Daniel dans ce monde ? Sommes-nous prêts à l’affronter tel qu’il est, muni de la force qui nous vient du Christ ? Ou le fuyons-nous, nous cachant dans notre retraite et confessant quelque part que le monde est plus fort que nous, que notre foi ? Que Dieu fasse de nous, mais aussi de nos enfants, une génération de témoins du Christ sans compromis et sans concession, par qui le monde reconnaîtra qui est le Dieu véritable, celui qui seule mérite adoration et soumission !

mardi 26 mars 2013

Chapitre 1



Contexte du livre : v 1 et 2

Les deux premiers versets du livre de Daniel situent à quelle période de l’histoire d’Israël, peuple de Dieu, correspond le ministère exercé par le prophète. Le temps n’est pas à la bénédiction, mais à l’accomplissement des menaces contenues dans la malédiction prononcée par Moïse dans le deutéronome sur l’Israël désobéissant. Un peuple farouche est venu pour assiéger Jérusalem : Deutéronome 28,49. Le roi de Juda Joïaqim est fait prisonnier et déporté en Babylonie. Une partie des objets sacrés destinés au culte dans le temple de Dieu sont emportés comme trésor de guerre par Nabuchodonosor, le conquérant, et placés comme trophée dans la maison de ses dieux. La gloire de Dieu, comme le dira le prophète Ezéchiel, s’est retirée du pays : Ezéchiel 10,18 à 22.

Mis à part pour le roi de Babylone : v 3 à 7

Avec le roi de Juda, plusieurs jeunes hommes, sélectionnés selon des critères précis, furent emmenés, à la demande de Nabuchodonor, de Jérusalem en Babylonie. Pour être choisi, les élus devaient :

-          Etre de descendance noble ou royale : faire partie de l’élite, de la classe supérieure de la nation
-          Sans défaut corporel, beaux d’apparence
-          Doués de sagesse, d’intelligence, de connaissance : cultivés, aptes à apprendre
-          Capables de se tenir dans le palais du roi : ayant appris l’art de se conduire en présence des grands

Dès le départ, l’objectif de la déportation de ces jeunes israélites est clairement défini. Le roi veut les former dans les lettres et la langue chaldéenne pour qu’ils deviennent des sujets utiles au royaume. Il veut s’en faire des serviteurs, les utiliser comme outils et atouts pour son propre règne.

Mis à part pour le royaume, les élus avaient droit à un régime de faveur. Chaque jour, ils étaient nourris des mets de la table du roi. Leur formation durerait trois ans après quoi ils comparaîtraient devant le roi qui jugerait de l’efficacité de leur apprentissage. Comme ce fut le cas de Daniel et de ses amis, le formatage des élus irait au point qu’on les dépouillerait de leur identité d’origine pour les affubler de nouveaux noms compatibles à la nouvelle culture dans laquelle ils étaient désormais immergés.

Il y a plusieurs manières de vivre la captivité. Pour certains, comme les Israélites en Egypte du temps de Pharaon, celle-ci fut synonyme d’asservissement, d’esclavage. Pour d’autres, comme ici, la prison existe, mais elle est dorée. Daniel et ses amis sont déracinés. Mais, par intelligence, Nabuchodonosor fait tout pour que les captifs ne le regrettent pas. Le roi veut, de perdants qu’ils sont en quittant leur pays, en faire des gagnants. Des perspectives glorieuses peuvent s’ouvrir à eux, s’ils veulent bien devenir pour le roi qui les a faits prisonniers, des amis, des serviteurs, des alliés.

Telle est, aujourd’hui encore, la ruse du diable pour séduire de nombreux enfants de Dieu. Connaissant tout le parti qu’il pourrait tirer de certains d’entre eux en les gagnant à lui, Satan redouble d’efforts pour séduire les plus doués et les amener à consacrer leurs vies à son système. De mis à part pour Dieu, il veut en faire des « saints » pour lui. Dans ce but, ces exigences sont les mêmes que celles que Dieu requiert. Pour être saints, les élus doivent :

-          S’immerger dans la pensée du royaume auquel ils appartiennent. Ils doivent apprendre les lettres, la langue du royaume
-          Accepter de perdre leur identité ancienne pour en revêtir une nouvelle
-          Se laisser formater par la nouvelle autorité à laquelle ils sont désormais soumis
-          Se nourrir exclusivement de ce que le roi du royaume mange

Le diable, comme Dieu, désire des siens une consécration sans faille, totale. Une seule chose différencie les élus de Dieu et ceux du diable : les critères naturels retenus pour faire partie de la sélection. Le diable veut pour lui ce qu’il y a de meilleur sur le plan esthétique, intellectuel. Dieu, quant à Lui, dans Sa sagesse, choisit souvent ce qui est vil, méprisable, sans sagesse ni noblesse pour manifester Sa grandeur : 1 Corinthiens 1,26 à 30. Etre l’élu du diable, c’est être exploité dans ses capacités pour servir sa cause. Etre l’élu de Dieu, c’est être promu en vue de partager Ses richesses et d’être associé à Sa gloire. Le diable dit, en regardant ses élus : « Regardez ce que j’ai pu tirer de ces hommes qui sont mes prisonniers ! » Dieu dit, en montrant Ses élus : « Regardez ce que ces hommes sont devenus par Mes richesses ! » Toi seul, ô Dieu, nous ennoblit et nous fait devenir grands ! La suite de l’histoire va démontrer qu’à vouloir jouer avec Dieu, le diable est toujours perdant !

Mis à part pour Dieu : v 8 à 16

Prisonnier du roi de Babylone, Daniel reste libre d’obéir à Dieu, de suivre sa conscience et de préserver la qualité de sa relation avec Lui. Malgré la pression exercée pour le formater à l’image d’un bon citoyen de Babylone, Daniel use de l’espace de liberté intérieure qui lui reste pour fixer les limites de l’opération. Il se conformera à la volonté du roi dans ce qui n’entame pas sa relation avec Dieu. Mais là où celle-ci lui porte préjudice, il se doit d’agir.

Tout commence dans l’être intérieur de Daniel par une ferme résolution. Emmené de force à Babylone, le jeune homme ne peut pour un temps que subir. S’il veut sauvegarder sa liberté, vient le moment où il doit exercer sa libre souveraineté sur lui-même. Daniel décide : il acceptera de changer de nom, d’apprendre les lettres et la langue des Chaldéens, mais il ne se souillera pas par les mets de la table du roi. Indispensable pour réussir, la détermination de Daniel ne suffit pas. Elle doit être avalisée par celui de qui il dépend, le chef à qui le roi de Babylone a confié la formation des jeunes gens. Pour se faire, Daniel aura besoin de deux choses : de tact et de l’aide de Dieu.

Daniel sait dans quelle situation il se trouve. Il est un prisonnier. S’il souhaite quelque chose pour lui-même, il ne peut l’exiger. Humblement, il supplie l’homme qui a autorité sur lui de lui accorder ce qu’il désire. Aussi juste soit l’attitude de Daniel, là s’arrête le pouvoir d’influence qu’elle peut exercer. Daniel ayant fait sa part, Dieu fera la Sienne. Il inclinera le cœur du chef babylonien qui, au lieu de répondre avec dureté, fera preuve d’écoute. Un dialogue d’homme à homme va s’établir entre Daniel et le chef. Daniel ayant ouvert son cœur, le chef le fera à son tour. Il n’est pas hostile à la demande de Daniel. Mais celui-ci a-t-il mesuré ce que sa décision implique pour lui qui en a la responsabilité devant le roi ? Avec sagesse, Daniel prend le parti de l’en décharger. Qu’un test soit fait ! Que Daniel et ses compagnons soient soumis à un régime végétarien pendant 10 jours et, à partir de ce qui sera constaté, qu’une décision soit prise. Le résultat sera probant. De meilleure mine que tous les autres prisonniers, Daniel et ses compagnons finiront par avoir gain de cause.

Quelle que soit l’autorité dont fait preuve le régime sous lequel vit le peuple de Dieu, l’histoire de Daniel souligne que les enfants de Dieu ne sont jamais totalement livrés à eux-mêmes et contraints à obéir. Chacun peut, au nom de son Dieu, préserver son propre espace de liberté. A l’insu même des autorités, Dieu peut incliner le cœur de certains hommes pour qu’ils fassent preuve d’une oreille attentive et d’un regard bienveillant à leur égard. Bénissons Dieu pour le souci qu’Il porte, dans les pires situations, à la préservation de notre espace de liberté intérieure.

Qualité supérieure : v 17 à 21

Si les Chaldéens formèrent Daniel et ses compagnons, ce fut de Dieu qu’ils reçurent les facultés qui les rendirent supérieurs à tous ceux qui suivaient le même cursus. Dieu reste souverain. Quelle que soit la situation dans laquelle se trouve l’enfant de Dieu, il est impossible qu’il soit enfermé dans les projets de ceux qui veulent se l’assujettir. Le roi de Babylone voulait faire de Daniel et ses amis des sujets de l’élite de son pays. Il va se retrouver face à des hommes doués d’une sagesse, d’une connaissance et d’un discernement divins dix fois supérieurs à celui des autres.

Le vécu de Daniel et de ses amis rejoint celui d’autres témoins placés dans des circonstances parallèles. Tel Joseph vendu par ses frères en Egypte, qui se retrouve, à cause des mêmes facultés que celles de Daniel, propulsé à la tête du pays. Telle Esther, captive en Perse qui, à cause de sa grâce et de sa beauté, est promue reine aux côtés d’Assuérus. Le prince de ce monde ne l’avouera jamais. Mais le témoignage de la Parole de Dieu le démontre. Quelles que soient les ruses que le diable met en œuvre, au final, ce sont les desseins de Dieu qui s’accomplissent et Sa gloire qui est manifestée. L’ennemi n’est que le marchepied que Dieu utilise pour rehausser le prestige de Son nom. Personne, mieux que lui, n’aura, malgré toutes ses ruses et ses artifices, contribué davantage à la magnificence éclatante de la gloire et de la grandeur de Dieu dans toute l’histoire. La suite du livre en est une démonstration puissante.

Il faut rendre à Dieu ce qui revient à Dieu et à Daniel et ses amis ce qui leur revient. Si la sagesse de Dieu surpasse toujours la ruse du diable : 1 Corinthiens 3,19, elle nécessite, pour se faire, le concours de cœurs qui soient entiers pour Lui. Dieu révèle Sa grandeur au travers d’hommes qui Lui sont fidèles, consacrés. Qui est décidé à se tenir du côté de Dieu verra Dieu se tenir à ses côtés. Que Dieu nous donne l’intégrité d’un Daniel ! Nous verrons alors avec quelle puissance Dieu est capable de prendre les sages dans leur propre ruse : Job 5,13.