V 1 à 4 : les événements derniers
Daniel en avait déjà eu la vision : Daniel 10,13. Au-delà du visible, des chocs et des
conflits qui mettent en opposition des peuples et des forces humaines
contraires, se joue dans les lieux célestes, le monde invisible, un autre combat.
Si, longtemps, cette réalité restera cachée aux yeux même des protagonistes des
guerres menées, le mérite de la confrontation finale, celle qui conduira à la
conclusion des choses, sera de déchirer le voile. Parallèlement à la guerre qui
se mène sur terre contre Israël, le messager de Dieu envoyé auprès de Daniel
dévoile qu’une autre, non moins âpre, se livre dans le ciel entre Michel, le
grand prince, affecté à la protection du peuple de Dieu et son adversaire
céleste. Evoqué ici pour la première fois, ce combat nous est pleinement révélé
dans l’Apocalypse : Apocalypse 12,7 à 10.
Le dernier temps du peuple de Dieu sur terre sera un temps de détresse
générale : pour Israël d’abord, mais pas seulement : Matthieu 24,21-22. Des signes de toutes sortes se produiront
sur terre et dans le ciel, annonciateurs du cataclysme final : Luc 21,25-26. Le tri alors se fera entre les peuples
et révélera qui est du peuple de Dieu et qui ne l’est pas. Le temps de la
colère venue, Dieu mettra à part les Siens. Il épargnera Israël et relèvera de
la poussière pour une première résurrection: Apocalypse
20,5-6, ceux qui sont morts en Lui, dans l’espérance que procure la foi.
Si le temps de la fin sera un temps de conclusion pour le
mal et les rebelles, il sera aussi celui de la révélation des justes : cf Romains 8,19. Ici-bas, la gloire des justes n’est pas
mise en valeur comme il se doit. Certes, par leurs actes, leur enseignement et
leur modèle, ils ont déjà été des lumières pour des multitudes. Le jour vient
cependant où ce qu’ils ont été brièvement et fugitivement ici-bas se
manifestera dans toute sa clarté pour l’éternité. Semblables aux étoiles, dont
la vocation dans la nuit sert de signes célestes pour marquer le temps et
éclairer la terre : Genèse 1,14, les justes
et tous ceux qui, ici-bas, auront su faire preuve de discernement, brilleront
de l’éclat de Dieu. Chacun sera alors ce qu’il est réellement au plus profond
de lui-même : un luminaire céleste ou un habitant des ténèbres éternelles :
cf Luc 16,22-23.
Bien que beaucoup de détails aient été donnés sur ce qui se
produira au temps de la fin par le messager envoyé auprès de Daniel, celui-ci
conclut en disant que l’heure n’est pas venue pour lui de tout comprendre de la
vision reçue. Nul n’est besoin de spéculer ou de supputer pour comprendre dans
le détail la prophétie. La prophétie est une anticipation sur ce qui va se
produire. Elle a pour objet de tracer les grandes lignes de l’accomplissement
du dessein de Dieu dans l’histoire. Elle est donnée au peuple de Dieu pour
qu’il connaisse d’avance l’aboutissement des choses et les grandes étapes
historiques qui y mèneront. Elle a pour objet, au moment où ce qu’elle a
annoncé se produit, d’éclairer le peuple de Dieu sur ce qui se passe et de l’aider
à se situer dans le temps de Dieu. Lisons la prophétie, retenons-la et gardons
les yeux ouverts ! Ce que Dieu a dit s’accomplira avec certitude !
V 5 à 13 : le moment de la fin
Quelle que soit la dureté de l’épreuve ou des tribulations
par lesquelles passe le peuple de Dieu, la durée de celles-ci est fixée par
Dieu. Le messager qui est apparu à Daniel en fait le serment : le temps
donné au dévastateur ne dépassera pas les trois ans et demi, délai déjà prophétisé
antérieurement : Daniel 7,25. Pour donner à
la parole du serment plus de validité, le messager ne la proclame pas
uniquement à Daniel. Il le fait en présence de deux nouveaux témoins célestes
que Daniel voit pour la première fois, l’un et l’autre sur la rive du fleuve.
Si le fleuve qui passe, ponctué de remous, est une image du
temps et de l’histoire minutée de l’humanité, la vision est explicite. Elle a
pour objet de fortifier et d’encourager le peuple de Dieu dans la foi. La force
du peuple de Dieu peut être épuisée. Il peut être réduit à une extrémité telle
qu’il a l’impression que la fin de son histoire est arrivée. A plusieurs
reprises, un tel sentiment a pu habiter Israël, lors des différentes
déportations qu’il a connu. Dieu l’assure pourtant. L’histoire n’est pas le
jouet des forces occultes et aveugles. De chaque côté de la rive du temps,
comme au-dessus de lui, la souveraineté de Dieu s’exerce de manière totale. Un
ange est d’un côté de la rive, un autre l’est de l’autre. Par-dessus le fleuve,
l’homme vêtu de fin lin, le Juste par excellence, Jésus, règne. Il est le
Veilleur, Celui qui, avec vigilance, domine et veille du haut de Sa position
sur tout ce qui se passe sous Lui. Nul ne sait combien de mètres cubes d’eau
vont encore passer sous le pont de l’histoire avant qu’elle ne se conclue. Mais
le temps de chaque chose, comme de chaque vie : Psaume
139,16, est dans Sa main !
Insatisfait de la réponse, Daniel aimerait aller plus loin
dans les précisions. Mais l’homme vêtu de lin s’y refuse. Les quelques détails
qu’Il lui donne ne lui seront d’aucun secours. La raison en est que le temps
pour comprendre n’est pas venu. Il sera donné à ceux qui le vivront de saisir
ce que la prophétie annonçait. Le prolongement du temps servira à un but :
alors que les méchants avanceront toujours plus dans le mal, les justes, sous
le feu de l’épreuve, seront de plus en plus purifiés, blanchis, prêts pour le
royaume qui vient. Dans cette attente, il nous est demandé la même chose qu’à
Daniel : marcher jusqu’à la fin dans la foi, serrant dans nos cœurs la/les
promesses de Dieu, jusqu’au jour où, délivrés de tout, nous entrerons dans
notre héritage ! Que ce mot d’ordre soit le nôtre chaque jour, ô Dieu
souverain et maître du temps !