lundi 17 juin 2013

Chapitre 12

V 1 à 4 : les événements derniers

Daniel en avait déjà eu la vision : Daniel 10,13. Au-delà du visible, des chocs et des conflits qui mettent en opposition des peuples et des forces humaines contraires, se joue dans les lieux célestes, le monde invisible, un autre combat. Si, longtemps, cette réalité restera cachée aux yeux même des protagonistes des guerres menées, le mérite de la confrontation finale, celle qui conduira à la conclusion des choses, sera de déchirer le voile. Parallèlement à la guerre qui se mène sur terre contre Israël, le messager de Dieu envoyé auprès de Daniel dévoile qu’une autre, non moins âpre, se livre dans le ciel entre Michel, le grand prince, affecté à la protection du peuple de Dieu et son adversaire céleste. Evoqué ici pour la première fois, ce combat nous est pleinement révélé dans l’Apocalypse : Apocalypse 12,7 à 10. Le dernier temps du peuple de Dieu sur terre sera un temps de détresse générale : pour Israël d’abord, mais pas seulement : Matthieu 24,21-22. Des signes de toutes sortes se produiront sur terre et dans le ciel, annonciateurs du cataclysme final : Luc 21,25-26. Le tri alors se fera entre les peuples et révélera qui est du peuple de Dieu et qui ne l’est pas. Le temps de la colère venue, Dieu mettra à part les Siens. Il épargnera Israël et relèvera de la poussière pour une première résurrection: Apocalypse 20,5-6, ceux qui sont morts en Lui, dans l’espérance que procure la foi.

Si le temps de la fin sera un temps de conclusion pour le mal et les rebelles, il sera aussi celui de la révélation des justes : cf Romains 8,19. Ici-bas, la gloire des justes n’est pas mise en valeur comme il se doit. Certes, par leurs actes, leur enseignement et leur modèle, ils ont déjà été des lumières pour des multitudes. Le jour vient cependant où ce qu’ils ont été brièvement et fugitivement ici-bas se manifestera dans toute sa clarté pour l’éternité. Semblables aux étoiles, dont la vocation dans la nuit sert de signes célestes pour marquer le temps et éclairer la terre : Genèse 1,14, les justes et tous ceux qui, ici-bas, auront su faire preuve de discernement, brilleront de l’éclat de Dieu. Chacun sera alors ce qu’il est réellement au plus profond de lui-même : un luminaire céleste ou un habitant des ténèbres éternelles : cf Luc 16,22-23.

Bien que beaucoup de détails aient été donnés sur ce qui se produira au temps de la fin par le messager envoyé auprès de Daniel, celui-ci conclut en disant que l’heure n’est pas venue pour lui de tout comprendre de la vision reçue. Nul n’est besoin de spéculer ou de supputer pour comprendre dans le détail la prophétie. La prophétie est une anticipation sur ce qui va se produire. Elle a pour objet de tracer les grandes lignes de l’accomplissement du dessein de Dieu dans l’histoire. Elle est donnée au peuple de Dieu pour qu’il connaisse d’avance l’aboutissement des choses et les grandes étapes historiques qui y mèneront. Elle a pour objet, au moment où ce qu’elle a annoncé se produit, d’éclairer le peuple de Dieu sur ce qui se passe et de l’aider à se situer dans le temps de Dieu. Lisons la prophétie, retenons-la et gardons les yeux ouverts ! Ce que Dieu a dit s’accomplira avec certitude !

V 5 à 13 : le moment de la fin

Quelle que soit la dureté de l’épreuve ou des tribulations par lesquelles passe le peuple de Dieu, la durée de celles-ci est fixée par Dieu. Le messager qui est apparu à Daniel en fait le serment : le temps donné au dévastateur ne dépassera pas les trois ans et demi, délai déjà prophétisé antérieurement : Daniel 7,25. Pour donner à la parole du serment plus de validité, le messager ne la proclame pas uniquement à Daniel. Il le fait en présence de deux nouveaux témoins célestes que Daniel voit pour la première fois, l’un et l’autre sur la rive du fleuve.

Si le fleuve qui passe, ponctué de remous, est une image du temps et de l’histoire minutée de l’humanité, la vision est explicite. Elle a pour objet de fortifier et d’encourager le peuple de Dieu dans la foi. La force du peuple de Dieu peut être épuisée. Il peut être réduit à une extrémité telle qu’il a l’impression que la fin de son histoire est arrivée. A plusieurs reprises, un tel sentiment a pu habiter Israël, lors des différentes déportations qu’il a connu. Dieu l’assure pourtant. L’histoire n’est pas le jouet des forces occultes et aveugles. De chaque côté de la rive du temps, comme au-dessus de lui, la souveraineté de Dieu s’exerce de manière totale. Un ange est d’un côté de la rive, un autre l’est de l’autre. Par-dessus le fleuve, l’homme vêtu de fin lin, le Juste par excellence, Jésus, règne. Il est le Veilleur, Celui qui, avec vigilance, domine et veille du haut de Sa position sur tout ce qui se passe sous Lui. Nul ne sait combien de mètres cubes d’eau vont encore passer sous le pont de l’histoire avant qu’elle ne se conclue. Mais le temps de chaque chose, comme de chaque vie : Psaume 139,16, est dans Sa main !


Insatisfait de la réponse, Daniel aimerait aller plus loin dans les précisions. Mais l’homme vêtu de lin s’y refuse. Les quelques détails qu’Il lui donne ne lui seront d’aucun secours. La raison en est que le temps pour comprendre n’est pas venu. Il sera donné à ceux qui le vivront de saisir ce que la prophétie annonçait. Le prolongement du temps servira à un but : alors que les méchants avanceront toujours plus dans le mal, les justes, sous le feu de l’épreuve, seront de plus en plus purifiés, blanchis, prêts pour le royaume qui vient. Dans cette attente, il nous est demandé la même chose qu’à Daniel : marcher jusqu’à la fin dans la foi, serrant dans nos cœurs la/les promesses de Dieu, jusqu’au jour où, délivrés de tout, nous entrerons dans notre héritage ! Que ce mot d’ordre soit le nôtre chaque jour, ô Dieu souverain et maître du temps !

jeudi 6 juin 2013

Chapitre 11

Comme les autres visions du livre, celle qui occupe ce chapitre vise un but : apporter un éclairage supplémentaire sur la personnalité et le caractère du dernier ennemi du peuple juif. Les faits rapportés ici touchent pour la plupart à des événements historiques qui se dérouleront avant la première venue de Jésus. Ils ont pour objet spécifique une seule chose : mettre en scène un personnage de l’histoire juive bien identifié, Antiochus Epiphane. L’utilité du récit dépasse le personnage lui-même. La vision que reçoit Daniel est profitable pour nous en ce qu’elle dévoile en cet homme le portrait typique de ce que sera l’Antichrist, le grand chef rebelle de la fin.

Les faits rapportés

V 2 : le 4ème roi de Perse, après Cyrus, fut Xerxés. Il amassa, comme l’ange le dit, des richesses fabuleuses. Au faîte de sa grandeur, Xerxès se lancera dans une expédition contre la Grèce qui échouera. Cette défaite se produira en 480 av J-C à la bataille de Salamine.

V 3 et 4 : la vision donnée ici à Daniel reprend le fil historique donné dans les précédentes. Le conquérant dont il est question est de nouveau Alexandre le Grand, le Grec. Au sommet de sa grandeur, il périra et son royaume sera dispersé, Alexandre n’ayant pas de descendant direct.

V 5 à 20 : cette partie du récit met l’emphase sur deux rois rivaux : celui du sud et celui du nord. Il s’agit de l’Egypte et de la Syrie. Les péripéties des relations agitées que connurent les deux rois entre eux nous sont rapportées dans le détail :

·         V 5 : le roi du Sud était Ptolémée 1er. Mais un général de son armée, Séleucus, se séparera de lui et fondera une dynastie concurrente qui le supplantera : les Séleucides en Syrie
·         V 6 : les deux dynasties s’allieront par mariage. Ptolémée II donnera en 248 av J-C sa fille Bérénice à Antiochus II qui répudiera sa femme Laodicée pour conclure cette alliance. Mais la concorde ne durera pas. Ptolémée mourra l’année suivante et Laodicée empoisonnera Antiochus II, Bérénice et leur fils.
·         V 7 et 8 : Ptolémée III vengera sa sœur Bérénice. Il tue Laodicée et s’empare d’une grande partie de la Syrie et de la Cilicie. Une sédition en Egypte oblige Ptolémée III à rentrer dans son pays. Il y retourne, chargé d’un grand butin et de beaucoup d’idoles
·         V 9 : Séleucus Callinicus, roi de Syrie, attaque l’Egypte, mais essuie une grande défaite.
·         V 10 à 20 : cette partie de la vision relate les guerres d’Antiochus le Grand, dont le règne dura de 222 à 187 av J-C, contre l’Egypte :

ð  V 10 : Des deux fils de Séleucus Callinicus, l’un mourut pendant les préparatifs d’une expédition. Son frère, Antiochus III, le Grand, pénétrera jusqu’à la forteresse de Raphia, près de Gaza, sur la frontière de l’Egypte.
ð  V 11 : Ptolémée Philopator, roi d’Egypte, lui livrera bataille et la battra en 217 à Raphia. 4 000 hommes de l’armée du roi de Syrie furent faits prisonniers et 10 000 périrent.
ð  V 12 : Malgré sa victoire, Ptolémée ne profitera pas de son triomphe. Il préférera se laisser à une vie voluptueuse qui lui fera perdre tous ses avantages.
ð  V 13 : Antiochus le Grand, après de nombreux succès dans d’autres pays, attaquera en 203 le jeune fils de Ptolémée Philopator, qui s’appelait Ptolémée Epiphane.
ð  V 14 : Antiochus s’était allié avec Philippe de Macédoine. Divers pays soumis à l’Egypte se révoltèrent contre elle. Des Juifs violents commirent la folie de s’associer à Antiochus, ce qui fut le commencement de malheurs sans nombre sous la domination de la Syrie.
ð  V 15 : Le général égyptien Scopas, assiégé dans la ville de Sidon, dut se rendre. Trois généraux envoyés à son secours furent battus.
ð  V 16 : Antiochus, tout en prenant possession de la Palestine, se montrera bienveillant envers les Juifs, bien qu’il ait le pouvoir de tout détruire.
ð  V 17 : Antiochus semble avoir incorporé des Juifs pieux dans une armée destinée à attaquer l’Egypte. Mais, devant renoncer à ce projet à cause des Romains, il eut recours à la ruse. Il persuada le jeune Ptolémée d’épouser sa fille Cléopâtre dans l’espoir de saisir une occasion favorable pour s’emparer de l’Egypte. Mais Cléopâtre prit parti pour son mari et déjoua les visées de son père sur l’Egypte.
ð  V 18 : Antiochus prit Rhodes, Samos et d’autres îles, offensa des envoyés de Rome et fut battu à Magnésis en Lydie (Asie Mineure) par Scipion l’Asiatique
ð  V 19 : Il se retira dans les villes fortes de la Syrie, mais fut assassiné lorsqu’il essaya de piller un célèbre temple.
ð  V 20 : Son fils aîné, Séleucus Philopator, envoya son ministre Héliodor avec l’ordre de piller le temple de Jérusalem. 2 Maccabées 3 raconte qu’Héliodore, en pénétrant dans le sanctuaire, eut une vision effrayante et fut frappé d’une attaque. Grâce à l’intercession du souverain sacrificateur, il fut guéri. Il renonça à la suite à exécuter l’ordre du roi. Plus tard, Héliodore empoisonna Philipator.

V 21 à 35 : Antiochus IV Epiphane

Le récit des péripéties guerrières qui opposa la dynastie des Ptolémée et celle des Séleucides n’avait qu’un seul but : introduire la venue de celui qui occupe la majeure partie de la vision, Antiochus IV Epiphane, qui est, par ses œuvres et sa personnalité, un type du futur et dernier grand persécuteur des Juifs : l’Antichrist. Le détail de ses menées, la façon avec laquelle il surgit dans l’histoire et s’élève au-dessus de tous, sa fin subite, tout témoigne de ce qui se produira une nouvelle fois à la fin des temps.

Analyse du récit :

V 21 : La succession de Séleucus Philopator aurait dû revenir à l’un de ses neveux. Mais, retenu en otage à Rome, un frère cadet du roi défunt réussit à s’emparer du trône sous le nom d’Antiochus IV Epiphane. L’ange le désigne sous le vocable ironique de méprisable, en contraste avec son surnom qui signifie illustre.

V 22 : L’Egypte, l’ayant attaqué, fut battue. Antiochus destitua également le souverain sacrificateur Ozias III à Jérusalem. Ptoléme Philométor, son neveu, roi d’Egypte, fut fait prisonnier.

V 23 : Sous prétexte de remettre son neveu sur le trône, il pénétrera par ruse avec une faible armée en Egypte.

V 24 : Antiochus occupa la basse Egypte et fit des largesses inouïes à ses partisans (173 av J-C).

V 25 à 27 : Une seconde campagne contre l’Egypte eut lieu en 171. Evergète II, frère de Philométor, retenu par Antiochus, qui prétendait lutter en sa faveur, fut vaincu grâce à un habile complot d’Antiochus. Mais il se maintint au pouvoir.

V 28 : le butin d’Egypte ne lui suffisant pas, Antiochus ira piller le temple de Jérusalem : 1 Maccabées 1,20 à 29 ; 2 Maccabées 5,11 à 17.

V 29 : La 3ème campagne contre l’Egypte en 170 échouera. Les deux frères se réconcilieront et règneront conjointement.

V 30 : L’ambassadeur romain Popilius Laenas, arrivant avec une flotte, lui ordonna au nom du Sénat de quitter l’Egypte. Un parti de Juifs apostats l’aida à exécuter ses plans funestes contre la Judée et le judaïsme.

V 31 : Antiochus envoya 22 000 hommes contre Jérusalem. Le temple fut consacré à Jupiter Olympien dont l’autel fut placé sur l’autel des holocaustes : 1 Maccabées 1,57 ; 2 Maccabées 6,2. C’est ici l’abomination de la désolation à laquelle fera référence Jésus comme étant un des signes de la fin : Matthieu 24,15 ; Marc 13,14.

V 32 : il flatta les Juifs apostats, mais les gens pieux se ressaisirent.

V 33 : La persécution dura trois ans et demi. Mathathias et ses fils donnèrent l’exemple, et beaucoup de gens les suivirent. Le nombre de martyrs fut considérable.

V 34 : Les succès des révoltés ne furent pas décisifs, mais la sévérité de Judas Maccabée, le fils de Mathathias, empêcha plusieurs de défaillir.

V 35 : Ce temps sera un temps d’épreuve et d’épuration terrible pour les Juifs. Pour finir, Dieu accordera la délivrance aux Maccabées.

V 36 à 45 : D’Antiochus à l’Antichrist

Fixé jusque là sur les péripéties guerrières d’Antiochus Epiphane IV, le récit se poursuit en mélangeant le portrait de l’héritier des Séleucides à celui du dernier grand conquérant que le monde connaîtra : l’Antichrist. L’homme qui parle à Daniel est explicite. Il invite le prophète à ne pas s’arrêter à ce qui va se produire à court terme, mais à porter ses regards vers les temps de la fin : v 35, but des visions et de la prophétie de tout le livre. Antiochus IV Epiphane est le premier concerné par la prophétie. Mais derrière lui, son arrogance, sa vanité, son orgueil, se dessinent les traits de celui qui, par ses guerres et sa mégalomanie, jettera le monde entier dans le chaos.

Indices supplémentaires sur le portrait de l’Antichrist :

V 36 : l’Antichrist se distinguera par le fait que, bien qu’homme, il se placera lui-même au-dessus de tous les dieux existant ou ayant existé. Son animosité se portera en particulier vers le Dieu de la Bible, le Dieu de Jésus-Christ, proclamé comme le Dieu unique et souverain, qu’il blasphémera au travers de propos inimaginables : cf Apocalypse 13,5.

V 37 : Son outrecuidance sera telle à ce sujet qu’il ne fera preuve d’aucune considération envers ce qui aura été cru jusque là par ses pères et tous ceux qui l’auront précédé. C’est surtout envers Jésus, le Christ, qu’il manifestera le plus grand mépris.

V 38-39 : il y a cependant un dieu qu’il honorera : le dieu des forteresses. Ayant rejeté le Dieu de ses pères, l’histoire rapporte qu’Antiochus adorait Zeus, une caricature du vrai Dieu. Malgré sa haine contre Dieu, l’Antichrist sait que le monde a besoin d’un dieu à adorer. L’Antichrist ne conduira pas le monde à l’athéisme, mais à la plus grande idolâtrie qui soit : celle de l’adoration de Satan, le dragon de qui il recevra sa force : Apocalypse 13,4. En ce temps, quiconque le suivra dans cette voie se verra richement récompensé.

V 40 à 45 : la paix par la domination que voudra imposer l’Antichrist sur le monde sera de courte durée. Elle se verra rapidement mise en cause par le roi du sud qui ne supportera pas le joug qu’il voudra lui imposer par force. La fin des temps ne sera que la répétition de l’histoire au sujet de toutes les dictatures. L’homme a été fait pour la liberté et non pour l’asservissement. Tôt ou tard, vient le jour où tout homme qui prétend exercer sur ses semblables un pouvoir qui ne revient qu’à Dieu finit par être renversé.

L’Antichrist réagira à la contestation de son autorité par une fureur guerrière redoublée. Il s’avancera sur les terres du Moyen-Orient pour mettre le grappin sur nombre de pays. L’Egypte tombera sous sa coupe, mais d’autres pays lui échapperont : Edom, Moab, Ammon (l’Arabie, la Jordanie, la Syrie actuelles ?). La Lybie et l’Ethiopie se mettront à son service, mais il ne réussira pas dans ses entreprises. De mauvaises nouvelles lui parviendront de l’Est et du Nord qui l’obligeront à rebrousser chemin. Il dressera son camp à proximité de Jérusalem et concevra là des projets de vengeance.  Mais sa folie destructrice le conduira à sa perte. Il périra soudainement sans que personne ne puisse rien pour lui : cf Daniel 8,25, sous l’effet du souffle et de la puissance de la manifestation du Seigneur : 2 Thessaloniciens 2,8.


A la vue de la précision extraordinairement détaillée de la prophétie, certains se sont mis à douter de son inspiration. Le texte de Daniel ne serait-il pas un rajout tardif, inséré dans le livre du prophète après les faits ? Jésus s’oppose à une telle interprétation. Il attribue de fait à Daniel la paternité du texte : Matthieu 24,15. Toute la prophétie biblique rend témoignage par ailleurs de l’incroyable précision des annonces faites par avance sur le Christ : le lieu de Sa naissance : Michée 5,1, le prix payé pour sa trahison : Zacharie 11,12… La précision et l’exactitude de la prophétie est la marque d’autorité et de crédibilité de la Parole de Dieu : Esaïe 41,21-22.25 ; 43,9 ; 44,7-8 ; 46,9-10 ; 48,3. Ne doutons pas : tout ce qui a été écrit l’a été d’avance pour notre instruction : Esaïe 46,10 ; Romains 15,4. Examinons, prions et veillons !

lundi 27 mai 2013

Chapitre 10

Nous entrons avec ce chapitre dans la dernière vision dont Daniel a été l’objet. Comme les précédentes, elle touche à des événements qui ont trait à la fin des temps. La révélation que reçut Daniel débuta par une parole reçue. La vision la complétera ensuite. La vision ne se produira que par suite du travail souterrain de la parole dans le cœur de Daniel. En effet, saisi par la révélation que fut cette parole, le cœur de Daniel ne le laissa pas en paix. Le message véhiculé par la parole reçue, une calamité, un grand combat à venir, était si saisissant qu’il en éclipsa toute autre considération. Dès lors, Daniel ne put penser à autre chose. Comme la vision précédente, la parole reçue se traduisit en Daniel en prière et supplications. Daniel ne pouvait plus ni vivre, ni faire comme les autres. Il se nourrit par nécessité, mais toute recherche de plaisir le quitta. Une seule chose l’absorba et occupa son être, le champ de ses pensées, la préoccupation de son cœur : la parole reçue.

Il est impossible que la connaissance de Dieu, de Ses projets ou de Ses desseins pour le monde ne laisse l’homme de Dieu indifférent. Si, à l’écoute de la Parole de Dieu, nous ne sommes affectés en rien, se pose pour nous la question de savoir si nous sommes ou non Ses serviteurs. L’objectif de la parole révélée est de nous saisir. La révélation de la parole de Dieu n’a pas pour but de meubler notre connaissance, mais de dominer et d’orienter de manière décisive nos vies. Elle fait de nous, non seulement des êtres qui savent, mais qui, désormais, sont responsables de ce qu’ils savent. La parole de Dieu n’est pas morte. Elle est vivante et agissante, en premier lieu dans le cœur de celui qui la reçoit. La conséquence directe en est que, sous son influence, l’homme éclairé ne peut plus vivre comme auparavant. La parole modifie le comportement. Elle imprime dans le cœur une gravité qui évacue la légèreté.

Il serait mensonger de dire que la parole reçue de Dieu ne procure que joie. Elle occasionne aussi beaucoup de souffrances, de douleurs intérieures. La parole de Dieu communique le fardeau qui est le Sien, Sa vision, Sa perception du monde. Elle nous fait entrer dans le combat, les douleurs de l’enfantement du monde nouveau. Elle nous rend participants des contractions qui produiront sa naissance. « La femme, lorsqu’elle accouche, dit Jésus, a de la tristesse, parce que son heure est venue. Mais quand elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de la détresse, tant elle a de la joie qu’un homme soit venu au monde : Jean 14,21. » Le temps prophétique est celui du travail qui précède la naissance. C’est un temps limité de tristesse et de souffrance qui laissera la place à un temps infini de vie et de joie. Que Dieu nous donne d’être participants avec Lui des deux temps !

L’affliction qui saisit Daniel suite à la parole reçue ne fut pas vaine. Elle suscita de la part de Dieu une réponse sous la forme d’une vision. Daniel ne vit ni des anges, ni une représentation symbolique de certaines réalités comme dans les visions précédentes. Il vit un homme, mais un homme a l’aspect si peu ordinaire qu’il en défaillit. La vision de Daniel rejoint celle que reçut Jean lorsqu’il vit Jésus glorifié à Patmos : Apocalypse 1,12 à 15. Les mêmes caractéristiques s’y retrouvent : l’habit de lin, la force de la voix, l’éclat du visage, l’intensité du regard, l’aspect du corps et des jambes… Le portrait que dressent Daniel et Jean de Jésus glorifié témoigne de la double identité qui le définit. Jésus a à la fois quelque chose de commun avec nous et avec Dieu. Il est reconnaissable par les hommes comme étant l’un d’entre eux, mais Sa gloire est telle qu’elle s’apparente à celle de Dieu.

La vision que reçut Daniel produisit en lui le même effet qu’en Jean. Ayant vu Jésus, Jean tomba à ses pieds comme mort : Apocalypse 1,17. Daniel sentit quant à lui ses forces le quitter à tel point qu’il s’écroula face contre terre. Aucun homme, si spirituel soit-il, ne peut voir Dieu et vivre. Jean comme Daniel ne pourront se tenir debout devant l’homme glorieux qui leur est apparu que par la puissance de Sa main qui les fortifiera et les relèvera.

L’expérience vécue par Daniel témoigne de la corrélation étroite qui existe entre les fardeaux que Dieu place sur nos cœurs par Sa parole et la réalisation de Son dessein. Dieu veut nous rendre participants de Ses projets. Il n’agit pas en ce qui concerne le monde de manière solitaire ou arbitraire. Il ne fait rien, dit Amos, sans avoir pris soin de révéler son secret à Ses serviteurs, les prophètes : Amos 3,7. Croyons que si Dieu nous interpelle et nous charge d’un fardeau, ce n’est aucunement pour nous laisser dans cet état. Il veut que Sa cause devienne la nôtre. Il veut que ce qui L’occupe au plus profond de Lui-même devienne ce qui nous occupe à notre tour. La parole reçue ou la vision ont pour objet, non de nous informer, mais de nous mobiliser. Elles sont à la source de la prière, du message que le prophète doit délivrer ou de l’action que l’apôtre doit initier : cf Actes 16,9-10. Il nous faut bénir Dieu pour les fardeaux qu’Il met sur nos cœurs. Ils sont la preuve de Son appel. Que celui-ci ne reste jamais sans réponse, mais produise en nous et par nous l’œuvre attendue !

Avant de lui communiquer les éléments de la vision touchant aux événements qui se produiront pour Israël par la suite, l’homme qui apparaît à Daniel prend le temps de partager avec lui son propre vécu depuis le moment où le prophète s’est mis à prier. Unique dans l’Ecriture, le témoignage de l’homme révèle l’interaction profonde qui existe, dans le domaine spirituel, entre ce qui se vit dans le cœur de l’ouvrier que Dieu missionne pour être porteur de Son message et ce qui se passe à son insu dans le monde invisible. L’effet de deuil produit par la parole que reçut Daniel, d’une durée de trois semaines, n’est pas le fruit du hasard. Il correspond avec exactitude au combat qui se produisit dans le même temps dans le monde invisible entre l’homme dépêché vers Daniel dès le premier jour de sa prière à Dieu et le chef de la puissance persane qui s’opposa à lui. L’homme témoigne qu’il ne put mener à bien sa mission que grâce à l’appui de Michel, un autre chef, identifié comme le prince d’Israël.

La révélation peut laisser dubitatif. Elle confirme l’enseignement donné par l’apôtre Paul au sujet du combat spirituel dans son épître magistrale aux Ephésiens sur l’Eglise. L’Eglise, comme Israël, est le peuple de Dieu au milieu de nations dominées par des puissances spirituelles hostiles. Le vrai combat de l’Eglise ne se situe pas sur le plan humain, mais sur ce plan-là : Ephésiens 6,12. La révélation donnée à Daniel sous-entend que le vrai pouvoir pour chaque nation n’appartient pas aux hommes, mais à des autorités invisibles. Le diable lui-même l’a affirmé à Jésus qui ne l’a pas démenti. Il a domination sur les royaumes du monde entier et il la donne à qui il veut : Luc 4,5-6. Les résistances auxquelles fait face le Seigneur dans le monde invisible ne sont pas sans incidence sur le vécu des serviteurs de Dieu. Elles affectent de manière intime et profonde leur être, déjà assis dans les lieux célestes et connecté à Dieu par l’Esprit : Ephésiens 2,6-7.


Il nous faut apprendre avec l’aide de Dieu à voir au-delà de ce que nos yeux perçoivent. Nous sommes impliqués à part entière dans le combat cosmique qui se déroule autour de nous. C’est par nous que Dieu a choisi de se révéler au monde, au déplaisir des puissances occultes qui veulent le contrôler. La révélation que Dieu donna à Daniel ne demande pas qu’il fasse quelque chose de plus que ce que Daniel a fait. Elle lui est donnée pour qu’il saisisse dans quelle dimension se situe le vécu douloureux qu’il connaissait. Toutes les forces de la lumière et des ténèbres sont partie prenante du combat qui se livre dans le monde spirituel. Rien ne se produit par hasard dans les luttes que chacun traverse. Que Dieu donne à chaque membre de Son peuple l’acuité spirituelle dont il a besoin pour saisir pleinement les enjeux dans lesquels se situe sa propre vie !

jeudi 23 mai 2013

Chapitre 9


Humiliation et prière de Daniel : v 1 à 19

Si Daniel fut le sujet de grandes visions, c’était, dans le quotidien de sa vie, la Parole de Dieu qui faisait l’objet de sa méditation. La relation de Daniel avec Dieu ne fonctionnait pas sur un autre mode que le nôtre. La Parole de Dieu était la nourriture de la foi, de l’espérance du prophète. Dieu, selon le dessein particulier qu’Il avait en vue pour Daniel, l’enseigna par de grandes visions. Mais celles-ci ne se substituaient pas à la Parole déjà révélée. Elles la complétaient, dans un temps où tout n’avait pas encore été dit : cf Hébreux 1,1-2. Ce chapitre en témoigne qui ajoute à la révélation reçue par la Parole, la vision qui l’explicite.

Si la vision s’impose d’elle-même de l’extérieur, le propre de la Parole est d’agir à l’intérieur. Par la vision, Dieu présente au regard du prophète une réalité qu’il ne connaît et ne comprend pas toujours. Le prophète devient alors un spectateur qui raconte. Le travail qu’opère la méditation de la Parole est tout autre. La Parole s’adresse au cœur, à l’esprit, à la conscience du prophète. Elle éveille en lui des pensées, des sentiments qui, par son éclairage, le saisissent et en font un acteur de l’œuvre de Dieu. La Parole est comme une nourriture que l’on ingère, que l’on assimile et qui, ensuite, devient partie intégrante de notre être. La vision fait davantage de celui qui la reçoit un sujet passif. Le prophète voit, décrit et transmet. Ce chapitre, qui nous rapporte la plus longue prière qui ait été formulée par Daniel, est le témoignage du travail intérieur profond qu’opèrent la lecture et la méditation de l’Ecriture. Seule la Parole vivante de Dieu a le pouvoir de produire en nous un tel chavirement. Elle seule pénètre au plus profond de notre être, jusque dans ses articulations, pour produire en nous l’effet escompté : Hébreux 4,12.

Méditant le livre de Jérémie la première année de Darius, Daniel comprit ce qu’il n’avait pas encore vu. Il saisit, comme jamais peut-être, le fil conducteur qui reliait le temps dans lequel il vivait au passé glorieux puis déclinant d’Israël. La vision que Dieu lui donnera par Gabriel lui révélera ce qu’il peut, dans la foi, attendre pour l’avenir. Si la lecture de la parole est un exercice auquel on doit s’adonner chaque jour, il y a des moments où celle-ci correspond à un rendez-vous particulier de Dieu. Il y a des dates, dans l’exercice de notre piété, marquées d’une pierre blanche. Elles témoignent de moments au cours desquels la Parole écrite, ancienne est devenue si actuelle, si personnelle que c’était comme si elle n’avait été écrite que pour nous. C’est ici ce qui se produisit pour Daniel.

Instruit par la Parole de Dieu sur la signification du temps dans lequel il vivait, Daniel convertit immédiatement les données reçues en prière. Toute la connaissance que Dieu nous donne de Lui-même ou de notre situation dans Son dessein n’a de sens que si elle est opérante en nous. Les révélations dont nous sommes les bénéficiaires de la part de Dieu n’ont pas pour objet d’enrichir notre bagage théologique. Elles n’atteignent leur but que lorsque, pénétrant en nous, elles imprègnent notre être au point que ce qui se trouve sur le cœur de Dieu charge désormais le nôtre.

Suscitée par la révélation, la prière de Daniel épouse la vision de Dieu sur le temps par lequel passe Israël dans le présent où elle est formulée. La prière intelligente n’est jamais un électron libre de toute attache. Elle s’inscrit toujours dans une histoire. Il y a pour notre prière toujours un avant qui la justifie et un après auquel elle aspire. Chargée de la conviction que la situation de ruine dans laquelle se trouve Israël est la réalisation des menaces données par Dieu dans la loi de Moïse suite à sa désobéissance, la prière de Daniel débute par l’aveu sans concession de la faute et du péché des pères. Il ne peut en être autrement. Toute restauration après le châtiment passe par là, par le plein alignement de notre regard sur celui que Dieu porte sur les causes du malheur qui nous frappe. S’il veut être rétabli, Israël ne peut espérer en rien d’autre que la miséricorde et la compassion de Dieu. Tout, au sujet du passé, plaide contre lui : sa rébellion, son refus d’écouter les prophètes. Seul l’attachement que Dieu porte à Sa propre gloire, engagée dans le choix qui L’a porté à élire Israël comme Son peuple, est, Daniel le sait, source d’espoir pour l’avenir !

Porte-parole d’Israël, Daniel ne s’exclut pas de la prière qu’il adresse à Dieu pour Son peuple. Comme Néhémie le fera après lui : Néhémie 1,6, Daniel se charge du péché d’Israël comme s’il était le sien. L’intercession véritable n’a de force que dans la mesure où celui qui prie s’identifie pleinement avec celui pour lequel il prie. Jésus ne sera pour nous pas autre chose que ce que fut Daniel pour son peuple. Non seulement, Il suit son exemple mais le mène, comme Il le fait en toutes choses avec ceux qui L’ont précédé, à la perfection. L’intercession de Jésus, le Fils de Dieu, auprès du Père en notre faveur n’a d’efficacité aujourd’hui que parce que, hier, Il s’est fait homme jusqu’à mourir pour nous et notre péché : Romains 8,34-35. C’est la pleine unité de Jésus avec l’humanité rebelle et perdue qui fait de Lui pour toujours l’Avocat qualifié pour plaider notre cause auprès du Père : 1 Jean 2,1-2. Comme l’a signifié Elisée, intercéder n’est pas une affaire de mots, mais de cœur : 2 Rois 4,32 à 37. Le prophète parla peu. Mais son engagement fut tel dans sa prière et son intercession pour la guérison du fils de la sunamite qu’il se fit un avec lui. Que Dieu fasse de nous de tels intercesseurs, engagés !

Les 70 semaines : v 20 à 27

La réponse de Dieu à la prière de Daniel va aller bien au-delà de ce qu’il a demandé. Daniel a prié que Dieu, dans Sa grande miséricorde, ne se souvienne plus du péché de Son peuple et, à cause de la gloire attachée à Son nom, qu’Il rétablisse la ville et le pays. Dieu va étendre le sujet de prière de Daniel en lui révélant, non ce qui va se produire pour Israël à court terme, mais jusque dans les temps de la fin. Nous ne savons pas combien de temps Daniel a porté la prière que nous trouvons formulée ici. A-t-elle été dite en une fois ou est-elle le résumé du fardeau qui chargea son cœur plusieurs jours ? Quoi qu’il en soit, l’ange est porteur d’une bonne nouvelle qui est source de grand encouragement pour tous les intercesseurs. Dès le début de la prière du prophète, une parole est sortie de la bouche de Dieu à son intention. C’est elle que Gabriel est chargé de lui délivrer. La même vérité sera répétée au chapitre suivant : Daniel 10,12. Ce n’est pas pour rien que l’apôtre Jacques dira que la prière fervente du juste a une grande efficacité : Jacques 5,16. Les prières de Daniel en sont la démonstration.

Toute la compréhension de la réponse de Dieu à Daniel repose sur un nombre et une expression : 70 semaines. Daniel avait lu dans le livre du prophète Jérémie qu’il devait s’écouler 70 ans entre le moment où Jérusalem sera en ruines jusqu’à celui où elle sera rebâtie : Jérémie 25,11 ; 29,10. Reprenant le nombre, Dieu révèle que 70 semaines, découpées en trois périodes distinctes, seront nécessaires pour que le dessein de Dieu avec et pour Israël (le temps de l’Eglise est ici totalement occulté) se réalise pleinement. Selon Gabriel, cinq composantes intègrent ce dessein :

1.       Faire cesser pour toujours les transgressions et mettre fin au règne du péché. C’est par l’entrée du péché dans le monde que le règne de Dieu a été suspendu dans l’humanité. C’est par son expulsion qu’il sera rétabli.

2.       Faire l’expiation de la faute. Elle l’a été par Jésus-Christ. Là où Jésus est rejeté, elle se fera par le versement des coupes de la colère : Apocalypse 16

3.       Amener la justice éternelle. Le règne de la justice est le but central de la venue de Jésus dans le monde, le sujet même de l’Evangile : Romains 1,16-17 ; 3,21 ; 5,21

4.       Sceller la vision et le prophète. Viendra le temps où toutes les révélations, toutes les prophéties données au long des siècles par Dieu et révélées dans Sa Parole seront accomplies.

5.       Oindre le Saint des saints ou le « très-sacré ». Le dessein de Dieu s’accomplira au jour où Jésus-Christ sera établi et proclamé Seigneur sur tous les hommes et les anges : Philippiens 2,9 à 11.

L’objectif fixé, Gabriel précise les étapes de la pleine réalisation du dessein de Dieu à partir de la prophétie donnée à Jérémie jusqu’à la fin des temps :

a.       La première étape longue de 7 semaines touche au temps où l’ordre sera donné par un chef ayant reçu l’onction de reconstruire Jérusalem. Bien que n’étant pas encore né, Esaïe, sous l’inspiration de l’Esprit, a identifié ce chef en Cyrus, le roi de Perse : Esaïe 45,13. C’est sous son règne que, par l’action de Dieu, les Juifs furent invités à retourner dans leur pays pour entreprendre la reconstruction du temple et de leur ville : Esdras 1,1 à 4. Les livres bibliques d’Esdras et de Néhémie, qui relatent le vécu des Juifs durant cette première étape, confirment la prophétie émise par l’ange. Les 49 années de travaux seront difficiles, ponctués de complots, d’oppositions fortes, de temps d’arrêts et de redémarrage.

b.      La seconde étape est la plus longe. Elle est faite de 62 semaines, soit 434 ans au terme desquels un homme ayant reçu l’onction de Dieu sera retranché, sans que personne ne prenne fait et cause pour Lui. Cette période de 62 semaines, significative en vue de l’accomplissement du dessein de Dieu, correspond au temps d’existence d’Israël depuis la reconstruction du temple et de la ville jusqu’à la venue de l’homme Jésus, l’Oint de Dieu, et sa mise à mort.

c.       La 3ème étape, faite d’une seule semaine, nous reporte directement à la fin des temps. Le fait majeur de celle-ci est l’apparition sur la scène de l’histoire d’un chef impie et arrogant. L’ange reprend ici le sujet des autres révélations dont Daniel a été l’objet. Ce chef de guerre est l’Antichrist, la petite corne de la vision précédente : Daniel 8,9 à 14. Il sera à la fois pour Israël un séducteur et un destructeur. Gabriel confirme la fausse alliance qu’il conclura avec le peuple de Dieu et qu’il rompra au bout de 3ans et demi. Il prédit qu’il se mettra en marche pour détruire la ville et le sanctuaire. Il renversera le culte quotidien rendu à Dieu et commettre à Son égard des transgressions abominables. Son temps se conclura au moment où, selon le jour fixé par Dieu, le jugement fondra sur lui : 2 Thessaloniciens 2,8. Le dessein de Dieu sera alors pleinement accompli. Le Christ entrera dans Son règne ! 

vendredi 10 mai 2013

Chapitre 8


Comme celle du chapitre 7, la nouvelle vision que reçoit ici Daniel s’inscrit dans le même cadre que la toute première que le prophète eut à expliquer. Cette continuité confirme que le livre de Daniel poursuit un seul but. Il est le livre de l’histoire du monde et des empires qui, en lien avec Israël, le peuple de Dieu, se succéderont jusqu’à la venue de Celui par qui le royaume de Dieu sera établi.

Alors que jusqu’à présent les 4 grands empires sont concernés par les visions reçues, le projecteur est ici braqué sur deux d’entre eux, l’empire médo-perse et l’empire grec d’Alexandre qui lui succédera. L’histoire profane corrobore la vision reçue par Daniel jusque dans les détails. D’abord soumis aux Mèdes, les Perses finirent par avoir la suprématie sur eux et à dominer l’empire : c’est ce que symbolise la vision du bélier aux deux cornes dont l’une est plus grande que l’autre. La grande corne du bouc, qui court si vite qu’on a l’impression qu’il ne touche pas terre, parle des conquêtes incroyables et irrésistibles que fit Alexandre le Grand en un temps record. Monté sur le trône de Macédoine en 336 av. J-C, à l’âge de 20 ans, Alexandre conquit à toute vitesse l’Asie Mineure, la Syrie, Tyr et Sidon, la Palestine et l’Egypte où il fonda Alexandrie. Il arriva jusqu’aux Indes. Puis, il mourut brusquement au faîte de sa puissance, à l’âge de 33 ans, en 323.

L’intérêt de la vision donnée à Daniel n’est pas d’abord lié aux deux empires qu’il concerne, mais à ce qui en surgira en lien avec Israël. Israël est et reste le cœur des sujets de toute vision. L’histoire du monde, l’importance donnée aux acteurs des visions révélées, ne se comprennent qu’à la lumière du dessein de Dieu dont Israël, sur le plan des nations, est le centre. La vision du chapitre 8 ajoute une information supplémentaire à celles données jusque là. Elle précise que c’est du sein de l’héritage de l’empire d’Alexandre, morcelé en quatre parties,  que sortira la petite corne arrogante qui causera des ravages inouïs et provoquera avec insolence le Messie de Dieu.

La prophétie de Daniel se réalisera historiquement par l’accession au trône du roi syrien Antiochus IV Epiphane, à la fin de l’empire grec et avant la domination romaine. Insignifiant au départ, ce roi païen fut le premier qui voulut supprimer le culte de l’Eternel et forcer les Juifs à l’idolâtrie. Il s’attaqua à Dieu Lui-même, fit cesser les sacrifices et profana le temple de Jérusalem. Il chercha à faire disparaître les exemplaires du livre de la loi, interdit la circoncision, et massacra ceux qui voulaient rester fidèles à Dieu.

La prophétie de Daniel sur ce roi est significative en ce qu’Antiochus IV Epiphane est un avant-goût historique de l’Antichrist, le grand profanateur de la fin des temps. Comme lui, il ira jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, en se proclamant lui-même Dieu : 2 Thessaloniciens 2,4. Il voudra changer les temps et la loi et combattra le peuple des saints et le vaincra : Daniel 7,25. Dans sa prophétie magistrale sur la fin du monde et la destruction du temple, Jésus Lui-même fera référence à la prophétie de Daniel : Matthieu 24,15. Il confirme par là que, si elle a eu un premier accomplissement par Antiochus IV Epiphane, sa réalisation absolue est encore à venir.

vendredi 3 mai 2013

Daniel 7


La vision de Daniel

Equipé par Dieu pour interpréter les visions, le prophète Daniel ne se limite pas à expliquer le sens des rêves et des signes que son Dieu voulait donner aux rois de son temps. Prophète de Dieu pour les rois païens, Daniel reçut plusieurs visions qui touchaient toutes au même sujet : le développement des empires qui allaient se succéder jusqu’au jour de l’établissement par le fils de l’homme du royaume de Dieu. Si de nombreux empires ont existé et existent encore aujourd’hui de par le monde, les visions que reçut Daniel ne concernent que quatre d’entre eux. La raison de cette sélection tient à un seul élément : les quatre empires ont tous un lien direct avec Israël, le peuple de Dieu. Chacun, d’une manière ou d’une autre a participé à son histoire. Israël vivant aujourd’hui, nous pouvons nous attendre donc à ce que la prophétie de Daniel parle de notre époque.

La première vision que reçut Daniel recoupe celle dont fut l’objet Nabuchodonosor au chapitre 2. Au lieu et en place d’une statue, Daniel voit surgir quatre animaux d’une mer agitée, représentant les quatre empires qui, sortant de la mer des peuples, allaient se succéder à partir de son présent. Chaque animal est différent du précédent et possède ses caractéristiques propres :

-          Le premier est symbolisé par le lion, le roi des animaux, équipé d’ailes d’aigle, le roi des oiseaux. Daniel voit le lion dépouillé de ses attributs animaux pour devenir un homme doté d’un cœur d’homme. Ce premier royaume est celui de Nabuchodonosor, tyran orgueilleux humilié et transformé par la puissance de Dieu en souverain humain. Par lui, le premier, Dieu voulait indiquer à ceux qui le suivraient de quelle manière Il concevait l’exercice du pouvoir sur le monde. La leçon ne servira à personne. Aucun de ceux qui lui succéderont ne ressemblera à un homme. Tous porteront les traits de l’animal, prédateur et féroce.

-          Le second est symbolisé par un ours qui se tient surtout sur un côté. La vision concerne l’empire médo-perse dont la force se révélera être perse plus que mède. Si le lion incarne la majesté, le propre de l’ours est de représenter la force massive. L’empire médo-perse va se caractériser par des conquêtes ravageuses dans  les trois directions (imagées par les trois côtes qui sont dans sa gueule) vers lesquelles ses conquêtes vont lui permettre de s’étendre : ver l’Occident, la Mésopotamie et l’Asie mineure, vers le Nord, de l’Arménie jusqu’au Turkestan, vers le Sud, de la Syrie jusqu’à l’Egypte.

-          Le troisième est symbolisé par un léopard doté de quatre ailes. La vision concerne l’empire grec forgé par Alexandre le Grand, avec une rapidité inégalée, ce que veut illustrer le choix de l’animal de la vision. La particularité de la vision tient au fait que le léopard n’a pas une, mais quatre têtes. L’histoire corrobore la vision. Disparu rapidement, Alexandre le Grand va voir son héritage distribué entre quatre généraux, après que ses descendants aient été assassinés :

·         Ptolémée qui prendra l’Egypte, la Palestine et l’Arabie
·         Séleucus qui dominera sur la Syrie, la Babylonie et la Perse
·         Lysimaque qui s’appropriera la Thrace et une partie de l’Asie mineure
·         Cassandre qui régnera sur la Grèce et la Macédoine

La quatrième bête

Plus que les trois précédentes, c’est la 4ème bête qui intrigue le plus Daniel. La description qu’il fait d’elle, de son pouvoir, de la violence dont elle fait preuve rejoint en tous points la vision reçue par Nabuchodonosor sur la 4ème partie de la statue : Daniel 2,40. Le 4ème empire, symbolisé par cette bête, sera si différent des autres que Daniel ne trouve la figure d’aucun animal pour le comparer. La bête n’est ni un lion, ni un ours, ni un léopard. Il n’y a rien qui, s’étant produit dans le passé, lui ressemblera. Quelques détails supplémentaires à la vision reçue par Nabuchodonosor précisent de quelle manière s’opérera la gouvernance de cet empire. L’empire de la dernière bête sera une confédération de 10 rois. Parmi ces dix (ou après), un, considéré comme moindre dans ses commencements, s’élèvera pour devenir le leader. Par l’effet de circonstances non expliquées, l’élévation de ce roi entraînera l’abaissement (voire le renversement) de trois autres. La vision de Daniel épouse en grandes lignes celle reçue par l’apôtre Jean dans son apocalypse : Apocalypse 13,1.

Le 4ème et dernier empire sera celui de l’Antichrist, la bête par excellence. Dans la logique de l’histoire, il représente également l’empire romain, le plus long et le plus fort de tous les empires s’étant succédé depuis Daniel et le royaume de Babylone. Si Daniel n’a pu décrire physiquement la bête, Jean nous en donne un aperçu précis : Apocalypse 13,2. La dernière bête réunit en elle les attributs de tous les empires qui l’ont précédé : elle a la bouche du lion, les pattes de l’ours et le corps du léopard. Elle rassemble en elle tout ce qui faisait la force particulière des empires qui l’ont précédé : puissance, force massive et rapidité. La vision de Daniel rejoint celle de Jean sur trois autres points :

-           Le premier est que l’empire de la 4ème bête sera celui qui sévira sur terre lorsque le fils de l’homme (la petite pierre de la vision de Nabuchodonosor : Daniel 2,34) établira son règne. Ceci étant, la vision laisse à penser que le dernier empire, le plus terrible de l’histoire, épousera les frontières de l’ancien empire romain.
-          Le second point est que l’arrogance dont fait preuve la petite corne qui s’élèvera au-dessus des autres : Daniel 7,8 est similaire à l’impudence dont fera preuve l’Antichrist au faîte de sa puissance : Apocalypse 13,5. Devenue grande, la petite corne perdra tout sens de la perspective. Elle s’élèvera de manière insensée contre Dieu, Le blasphémant sans vergogne et prétendant changer les temps et la loi qu’Il a établi : Daniel 7,25. L’Antichrist voudra porter à son apogée la tendance qui se dessine aujourd’hui de vouloir remplacer le modèle judéo-chrétien des normes éthiques par de nouveaux modèles inventés de toutes pièces.
-          Le dernier point touche à la durée pendant laquelle la bête (la petite corne) exercera réellement son pouvoir. Tous les  souverains mégalomanes ont cru bâtir des empires qui traverseraient les siècles. Leurs prétentions se sont heurtées à la souveraineté de Dieu. Le dernier tyran ne fera pas mieux que ceux qui l’ont précédé. Ses ambitions se briseront sur le rocher qu’est Christ, Celui à qui Dieu, selon Son décret, à confié le gouvernement du monde : Psaume 2,7 à 12. Dès le départ, pour le salut des saints opprimés en son temps : Daniel 7,25 ; Apocalypse 13,7, la durée de la domination de la bête est comptée : son temps ne dépassera pas les trois ans et demi, soit quarante deux mois : Daniel 7,25 ; Apocalypse 13,5. A sa suite s’établira enfin le règne du Messie de Dieu !

La venue en gloire du Messie, le Fils de l’homme

Au moment même où, aveuglée par son orgueil, la petite corne, au faîte de sa puissance, blasphème le Très-Haut, des préparatifs vont bon train dans le ciel. Déjà se prépare l’après ! Car c’est ici que se trouve révélée au mieux la puissance de Dieu. Comme par le pire crime de l’humanité, la crucifixion de Jésus, Dieu a opéré le salut du monde, de même c’est au moment où le mal sera à son apogée que s’établira le règne éternel du Christ. La vision de Daniel, qui touche aux fins dernières, ne parle pas de la première venue de Jésus. Elle n’a pas ce but. Le prophète voit cependant que celui qui vient sur les nuées du ciel pour renverser la corne arrogante et régner sur tous les peuples a l’apparence d’un être humain. Il s’agit du Fils de Dieu glorifié, après s’être abaissé et humilié dans Son incarnation : Philippiens 2,5 à 11. Cette domination, le Christ ne l’exercera pas seul ! Il la partagera, comme de droit, avec tous les saints du peuple de Dieu, ceux-là mêmes qui, tout au long des siècles, auront été les objets de la haine de ce monde et de son prince : les martyrs. Après le grand reversement, s’opérera le juste rétablissement de toutes choses : Actes 3,21 ; Hébreux 12,26 à 28. Que ce double mouvement se produise déjà maintenant en nous pour qu’au moment où il se produira dans le monde, nous soyons, par la grâce de Dieu, prêt à entrer dans le royaume qui vient !