mardi 26 mars 2013

Chapitre 1



Contexte du livre : v 1 et 2

Les deux premiers versets du livre de Daniel situent à quelle période de l’histoire d’Israël, peuple de Dieu, correspond le ministère exercé par le prophète. Le temps n’est pas à la bénédiction, mais à l’accomplissement des menaces contenues dans la malédiction prononcée par Moïse dans le deutéronome sur l’Israël désobéissant. Un peuple farouche est venu pour assiéger Jérusalem : Deutéronome 28,49. Le roi de Juda Joïaqim est fait prisonnier et déporté en Babylonie. Une partie des objets sacrés destinés au culte dans le temple de Dieu sont emportés comme trésor de guerre par Nabuchodonosor, le conquérant, et placés comme trophée dans la maison de ses dieux. La gloire de Dieu, comme le dira le prophète Ezéchiel, s’est retirée du pays : Ezéchiel 10,18 à 22.

Mis à part pour le roi de Babylone : v 3 à 7

Avec le roi de Juda, plusieurs jeunes hommes, sélectionnés selon des critères précis, furent emmenés, à la demande de Nabuchodonor, de Jérusalem en Babylonie. Pour être choisi, les élus devaient :

-          Etre de descendance noble ou royale : faire partie de l’élite, de la classe supérieure de la nation
-          Sans défaut corporel, beaux d’apparence
-          Doués de sagesse, d’intelligence, de connaissance : cultivés, aptes à apprendre
-          Capables de se tenir dans le palais du roi : ayant appris l’art de se conduire en présence des grands

Dès le départ, l’objectif de la déportation de ces jeunes israélites est clairement défini. Le roi veut les former dans les lettres et la langue chaldéenne pour qu’ils deviennent des sujets utiles au royaume. Il veut s’en faire des serviteurs, les utiliser comme outils et atouts pour son propre règne.

Mis à part pour le royaume, les élus avaient droit à un régime de faveur. Chaque jour, ils étaient nourris des mets de la table du roi. Leur formation durerait trois ans après quoi ils comparaîtraient devant le roi qui jugerait de l’efficacité de leur apprentissage. Comme ce fut le cas de Daniel et de ses amis, le formatage des élus irait au point qu’on les dépouillerait de leur identité d’origine pour les affubler de nouveaux noms compatibles à la nouvelle culture dans laquelle ils étaient désormais immergés.

Il y a plusieurs manières de vivre la captivité. Pour certains, comme les Israélites en Egypte du temps de Pharaon, celle-ci fut synonyme d’asservissement, d’esclavage. Pour d’autres, comme ici, la prison existe, mais elle est dorée. Daniel et ses amis sont déracinés. Mais, par intelligence, Nabuchodonosor fait tout pour que les captifs ne le regrettent pas. Le roi veut, de perdants qu’ils sont en quittant leur pays, en faire des gagnants. Des perspectives glorieuses peuvent s’ouvrir à eux, s’ils veulent bien devenir pour le roi qui les a faits prisonniers, des amis, des serviteurs, des alliés.

Telle est, aujourd’hui encore, la ruse du diable pour séduire de nombreux enfants de Dieu. Connaissant tout le parti qu’il pourrait tirer de certains d’entre eux en les gagnant à lui, Satan redouble d’efforts pour séduire les plus doués et les amener à consacrer leurs vies à son système. De mis à part pour Dieu, il veut en faire des « saints » pour lui. Dans ce but, ces exigences sont les mêmes que celles que Dieu requiert. Pour être saints, les élus doivent :

-          S’immerger dans la pensée du royaume auquel ils appartiennent. Ils doivent apprendre les lettres, la langue du royaume
-          Accepter de perdre leur identité ancienne pour en revêtir une nouvelle
-          Se laisser formater par la nouvelle autorité à laquelle ils sont désormais soumis
-          Se nourrir exclusivement de ce que le roi du royaume mange

Le diable, comme Dieu, désire des siens une consécration sans faille, totale. Une seule chose différencie les élus de Dieu et ceux du diable : les critères naturels retenus pour faire partie de la sélection. Le diable veut pour lui ce qu’il y a de meilleur sur le plan esthétique, intellectuel. Dieu, quant à Lui, dans Sa sagesse, choisit souvent ce qui est vil, méprisable, sans sagesse ni noblesse pour manifester Sa grandeur : 1 Corinthiens 1,26 à 30. Etre l’élu du diable, c’est être exploité dans ses capacités pour servir sa cause. Etre l’élu de Dieu, c’est être promu en vue de partager Ses richesses et d’être associé à Sa gloire. Le diable dit, en regardant ses élus : « Regardez ce que j’ai pu tirer de ces hommes qui sont mes prisonniers ! » Dieu dit, en montrant Ses élus : « Regardez ce que ces hommes sont devenus par Mes richesses ! » Toi seul, ô Dieu, nous ennoblit et nous fait devenir grands ! La suite de l’histoire va démontrer qu’à vouloir jouer avec Dieu, le diable est toujours perdant !

Mis à part pour Dieu : v 8 à 16

Prisonnier du roi de Babylone, Daniel reste libre d’obéir à Dieu, de suivre sa conscience et de préserver la qualité de sa relation avec Lui. Malgré la pression exercée pour le formater à l’image d’un bon citoyen de Babylone, Daniel use de l’espace de liberté intérieure qui lui reste pour fixer les limites de l’opération. Il se conformera à la volonté du roi dans ce qui n’entame pas sa relation avec Dieu. Mais là où celle-ci lui porte préjudice, il se doit d’agir.

Tout commence dans l’être intérieur de Daniel par une ferme résolution. Emmené de force à Babylone, le jeune homme ne peut pour un temps que subir. S’il veut sauvegarder sa liberté, vient le moment où il doit exercer sa libre souveraineté sur lui-même. Daniel décide : il acceptera de changer de nom, d’apprendre les lettres et la langue des Chaldéens, mais il ne se souillera pas par les mets de la table du roi. Indispensable pour réussir, la détermination de Daniel ne suffit pas. Elle doit être avalisée par celui de qui il dépend, le chef à qui le roi de Babylone a confié la formation des jeunes gens. Pour se faire, Daniel aura besoin de deux choses : de tact et de l’aide de Dieu.

Daniel sait dans quelle situation il se trouve. Il est un prisonnier. S’il souhaite quelque chose pour lui-même, il ne peut l’exiger. Humblement, il supplie l’homme qui a autorité sur lui de lui accorder ce qu’il désire. Aussi juste soit l’attitude de Daniel, là s’arrête le pouvoir d’influence qu’elle peut exercer. Daniel ayant fait sa part, Dieu fera la Sienne. Il inclinera le cœur du chef babylonien qui, au lieu de répondre avec dureté, fera preuve d’écoute. Un dialogue d’homme à homme va s’établir entre Daniel et le chef. Daniel ayant ouvert son cœur, le chef le fera à son tour. Il n’est pas hostile à la demande de Daniel. Mais celui-ci a-t-il mesuré ce que sa décision implique pour lui qui en a la responsabilité devant le roi ? Avec sagesse, Daniel prend le parti de l’en décharger. Qu’un test soit fait ! Que Daniel et ses compagnons soient soumis à un régime végétarien pendant 10 jours et, à partir de ce qui sera constaté, qu’une décision soit prise. Le résultat sera probant. De meilleure mine que tous les autres prisonniers, Daniel et ses compagnons finiront par avoir gain de cause.

Quelle que soit l’autorité dont fait preuve le régime sous lequel vit le peuple de Dieu, l’histoire de Daniel souligne que les enfants de Dieu ne sont jamais totalement livrés à eux-mêmes et contraints à obéir. Chacun peut, au nom de son Dieu, préserver son propre espace de liberté. A l’insu même des autorités, Dieu peut incliner le cœur de certains hommes pour qu’ils fassent preuve d’une oreille attentive et d’un regard bienveillant à leur égard. Bénissons Dieu pour le souci qu’Il porte, dans les pires situations, à la préservation de notre espace de liberté intérieure.

Qualité supérieure : v 17 à 21

Si les Chaldéens formèrent Daniel et ses compagnons, ce fut de Dieu qu’ils reçurent les facultés qui les rendirent supérieurs à tous ceux qui suivaient le même cursus. Dieu reste souverain. Quelle que soit la situation dans laquelle se trouve l’enfant de Dieu, il est impossible qu’il soit enfermé dans les projets de ceux qui veulent se l’assujettir. Le roi de Babylone voulait faire de Daniel et ses amis des sujets de l’élite de son pays. Il va se retrouver face à des hommes doués d’une sagesse, d’une connaissance et d’un discernement divins dix fois supérieurs à celui des autres.

Le vécu de Daniel et de ses amis rejoint celui d’autres témoins placés dans des circonstances parallèles. Tel Joseph vendu par ses frères en Egypte, qui se retrouve, à cause des mêmes facultés que celles de Daniel, propulsé à la tête du pays. Telle Esther, captive en Perse qui, à cause de sa grâce et de sa beauté, est promue reine aux côtés d’Assuérus. Le prince de ce monde ne l’avouera jamais. Mais le témoignage de la Parole de Dieu le démontre. Quelles que soient les ruses que le diable met en œuvre, au final, ce sont les desseins de Dieu qui s’accomplissent et Sa gloire qui est manifestée. L’ennemi n’est que le marchepied que Dieu utilise pour rehausser le prestige de Son nom. Personne, mieux que lui, n’aura, malgré toutes ses ruses et ses artifices, contribué davantage à la magnificence éclatante de la gloire et de la grandeur de Dieu dans toute l’histoire. La suite du livre en est une démonstration puissante.

Il faut rendre à Dieu ce qui revient à Dieu et à Daniel et ses amis ce qui leur revient. Si la sagesse de Dieu surpasse toujours la ruse du diable : 1 Corinthiens 3,19, elle nécessite, pour se faire, le concours de cœurs qui soient entiers pour Lui. Dieu révèle Sa grandeur au travers d’hommes qui Lui sont fidèles, consacrés. Qui est décidé à se tenir du côté de Dieu verra Dieu se tenir à ses côtés. Que Dieu nous donne l’intégrité d’un Daniel ! Nous verrons alors avec quelle puissance Dieu est capable de prendre les sages dans leur propre ruse : Job 5,13.

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