mercredi 27 mars 2013

Chapitre 2



Le rêve de Nabuchodonosor : v 1 à 11

Si le premier chapitre révélait à quel point la souveraineté de Dieu s’exerce sur les Siens, quelles que soient les circonstances dans lesquelles ils se trouvent, le second va plus loin encore en manifestant la pleine mainmise de Dieu sur tout être. Après Daniel et ses amis, c’est maintenant à Nabuchodonosor, le grand roi de Babylone, d’être soumis à l’action de la providence divine. Tout roi qu’il est, le souverain de Babylone n’est pas libre de ses mouvements. Ce qui se passe ou se produit en lui n’est pas le résultat de son propre choix, mais le fruit de l’action mystérieuse et souveraine de Dieu. Tel est, en premier lieu, l’enseignement que nous prodigue l’histoire du rêve qui tourmenta Nabuchodonosor !

A l’origine du rêve du roi, la puissance influente de la souveraineté de Dieu ne se limite pas à cette initiative. Elle est aussi à la source de la décision insensée du roi d’obliger, sous peine de menace de mort, les sages de son royaume de lui en donner à la fois le contenu et l’explication. Avec raison, ceux-ci s’indigneront d’une telle demande. Ce qu’exige le roi ne relève pas des possibilités humaines, mais du domaine des dieux qui, seuls, possèdent les attributs les rendant capables d’y répondre. Aussi déraisonnable soit-il, l’entêtement du roi à formuler des exigences qui dépassent le cadre des capacités humaines sera l’outil de Dieu pour magnifier Son nom et faire de Ses serviteurs les instruments du témoignage rendu à Sa grandeur ! Tout, sur la terre et dans les cieux, est de Lui, par Lui et pour Lui !

Qu’il est bon de pouvoir connaître Dieu, de saisir qui Il est. L’œuvre dans laquelle Il nous engage n’est pas la nôtre, mais la Sienne. Il règne et Sa domination s’exerce sur tous ! Que cette certitude habite nos vies et soient le moteur de notre foi, la source de notre repos et la raison de nos actions !

Daniel reçoit l’explication du rêve : v 12 à 24

Exilés à Babylone contre leur gré, Daniel et ses amis se retrouvent de plus ici prisonniers d’une situation bloquée. Nabuchodonosor, le roi, est inflexible dans sa position. Il n’y reviendra pas. Les sages, mis à l’épreuve, sont dans l’impuissance. Parce qu’ils ne sont pas des dieux, ils sont incapables de satisfaire aux exigences du souverain quant au rêve qu’il a eu et son interprétation. Si, sur le plan humain, l’antagonisme qui oppose les deux parties est insoluble, l’impossible n’est pas un attribut qui convient à Dieu. Daniel, son serviteur, le sait. Conduit par Dieu, il va obtenir du roi deux permissions qui, en l’état, relèvent du miracle : que le roi revienne de sa colère et de l’inflexibilité de sa position et accorde à Daniel un délai pour chercher Dieu et recevoir de Lui la réponse à sa demande.
L’attente de Daniel ne durera pas. Ayant sollicité la prière de ses amis sur ce sujet, il recevra la nuit même à la fois la révélation du songe du roi et son interprétation. La souveraineté de Dieu seule est capable, à certains moments, d’ouvrir une issue là où tout semble fermé. Suffisante en elle-même, elle se plaît cependant à s’aliéner la collaboration des hommes. Nos dons, notre engagement, nos prières ne sont pas vains, inutiles. Ils sont le concours humain que Dieu souhaite dans la façon par laquelle Il magnifie Son nom parmi les hommes.

Visité par Dieu, Daniel ne peut qu’éclater en louanges ! La révélation dont il a été l’objet au cœur de l’impasse dans laquelle il se trouvait, témoigne mieux que des mots de ce que renferme l’attribut de souveraineté dont l’Eternel seul est paré. Parce qu’Il est souverain, Dieu est celui qui seul possède sans limite l’intelligence, la sagesse et la force Il est Celui qui seul a autorité sur les rois, les temps, les circonstances. Il est seul Celui qui connaît l’avenir et peut révéler à qui il veut ce qui est caché, inconnu, inaccessible à la connaissance. Fort de l’appui, du soutien d’un tel Dieu, Daniel n’a plus rien à craindre. Il peut aller voir le roi et confronter sa superbe à celle de son Dieu ! Que dans notre relation avec Lui, l’humilité, l’attente de la foi et la dépendance dont Daniel fit preuve habitent aussi en nous !

Témoignage de Daniel auprès du roi : v 25 à 30

Instruit par Dieu au sujet du rêve du roi, Daniel fut promptement conduit auprès de lui. Après tout ce qu’il a vécu, le temps est arrivé pour lui d’être l’outil de Dieu, le témoin au travers duquel Nabuchodonosor, le grand roi, doit être confronté à Dieu, le Dieu du ciel, le seul vrai et unique Dieu. D’entrée, Daniel réaffirme ce que les sages et les mages du royaume ont dit au roi. Ce qu’il demande ne fait pas partie des domaines dans lesquels peut s’aventurer la science ou la connaissance, qu’elles soient humaines ou occultes. Mais, dit Daniel au roi, il y a un Dieu au ciel, un Dieu souverain à qui rien n’échappe, auquel rien ne peut être soustrait. Ce Dieu, qui est au-delà du temps, a la pleine maîtrise de toutes choses. Il les domine, les pénètre à tel point que, quel que soit le degré de mystère qu’elle renferme pour les hommes, Il peut parfaitement, de manière précise et détaillée, les révéler. Le rêve qu’a eu le roi a une raison et un sens : il cherche à lui faire connaître ce qui arrivera après lui. Il correspond exactement aux préoccupations qui agitent le cœur du roi. Il touche à la question qui hante sans doute de nombreux souverains dans ce monde : et après moi…

Quelle grâce, quel privilège sont les nôtres d’avoir un Dieu tel que notre Dieu ! Notre Dieu n’est pas un Dieu du passé ! Il est le Dieu de l’avenir, Celui qui conduit toutes choses à bonne fin, selon Son dessein et le bon plaisir de Sa volonté. Qui marche avec Lui n’est plus dans les ténèbres. Il sait où il va et, dans une mesure suffisante, ce qui va se passer avec lui et après lui. Il sait où ses pas le mènent et quelle destinée lui est réservée. Il sait aussi vers quelle fin va l’histoire et à quelle gloire elle aboutit. Tout ceci, qui est caché au roi, va lui être révélé par le prophète. Dieu, notre Dieu, est un Dieu qui veut que nous sachions ! Ne nous privons pas de la révélation qu’Il nous apporte dans Sa connaissance !

Le rêve du roi et son explication : v 31 à 45

S’adressant au roi, Daniel lui fit part de la vision qui avait agité sa nuit et perturbé son sommeil. Comme il le lui avait dit en préambule, son objet répond aux interrogations profondes du cœur du souverain, à savoir ce qui arrivera dans la suite des temps. La vision touche au règne de Nabuchodonosor, mais pas seulement. Comme le ferait un phare perçant la nuit, elle projette sa lumière dans le futur jusqu’au point le plus important de l’histoire : l’irruption du seul royaume qui effacera tous les autres et ne sera jamais renversé. Prenons quelque temps pour examiner quelques détails de la vision !

1.       Des royaumes :

La vision du roi se présente sous la forme d’une statue d’une seule pièce, faite de matériaux composites. La tête, qui représente le royaume babylonien, est d’or, le métal le plus précieux. La poitrine et les bras, qui symbolisent le royaume qui suivra, sont faits d’argent, un matériau moins noble. Le troisième royaume, représenté par le ventre et les cuisses de la statue, sera de bronze. Sa puissance sera telle qu’il dominera la terre entière. Puis viendra le dernier, figuré par les jambes de fer et les pieds de fer mêlés d’argile. Le dernier royaume est celui qui, dans l’explication que donne Daniel, occupe la plus large place. La caractéristique de ce royaume est double. Il sera à la fois terrible, cassant et pulvérisant tout sur son passage et marqué par une certaine fragilité due à la nature des alliances sur lesquelles sa force est bâtie.

Quoique différents et consécutifs les uns aux autres, les quatre royaumes décrits par Daniel sont tous du même cru. Ils expriment les empires qui se succéderont à partir de celui de Babylone. A vue humaine, ceux-ci semblent s’opposer l’un à l’autre, puisque c’est sur les ruines du précédent que semble s’ériger le suivant. En réalité, ils forment un tout qui possède la même identité, les mêmes caractéristiques. La disparité des métaux qui symbolisent les différentes parties témoignent d’une réalité : les empires qui se succèdent ne s’améliorent pas, mais dégénèrent. Plus le temps passe, plus on s’éloigne de ce qui est précieux pour aller vers le commun et le pire. La composition de la statue témoigne de la fausseté de l’idée de progrès des civilisations. Si ce n’est la main de Dieu qui veille et préserve le monde, depuis longtemps celui-ci aurait sombré dans la barbarie. Les quatre royaumes symbolisent dans l’histoire quatre empires qui se sont succédés : l’empire babylonien (la tête d’or), les Mèdes et les Perses (la poitrine et les bras), les Grecs avec Alexandre le Grand (le ventre et les cuisses de bronze) et l’empire romain (les jambes de fer et les pieds de fer mêlés d’argile).

2.       Un royaume

Outre la statue, la vision du roi mentionne un autre élément : l’irruption dans l’histoire d’un royaume qui détruira les autres et durera pour toujours. Si, dans le rêve du roi, la statue est impressionnante et première, elle n’est pas pour autant l’objet principal du rêve. La statue n’est là que pour une seule cause : mettre en valeur la puissance du royaume qui vient, représenté par la petite pierre, et situer la période historique de son avènement. De toute évidence, ce qui est au cœur de la révélation donnée par Dieu à Nabuchodonosor n’est pas la statue, si forte et puissante paraisse-t-elle. C’est plutôt ce qui la détruira, l’anéantira : la puissance étonnante d’un royaume si faible en apparence et dans sa forme.

La vision donnée au roi au sujet de ce royaume appelé à durer pour toujours est précise. Elle n’a rien de flou, de sujet à spéculation pour être comprise. Le royaume est représenté par une « pierre qui se détache d’une montagne sans le secours d’aucune main : v 34,45. » Contrairement à la statue, faite de matériaux composites, ce royaume ne sera pas le résultat d’une construction ou d’un assemblage qui soit l’œuvre des hommes. C’est un royaume qui vient d’en haut vers le bas et qui devra son irruption comme sa cause au Dieu du ciel. Céleste dans son origine, il le restera dans son expression. Le royaume de Dieu n’a rien à voir avec les royaumes de ce monde. Comme la pierre est extérieure à la statue, le royaume de Dieu est extérieur au monde. Il est dans le monde, mais il n’est pas de ce monde. C’est pourquoi, toute tentative de l’intégrer, de l’associer ou de l’assimiler au monde n’est qu’une perversion du but et de l’objet de sa venue : cf Jean 18,36. Le royaume de Dieu n’a rien non plus dans son aspect qui ressemble à celui du monde. Il n’est pas fait de la même matière, ni n’a la même apparence. Là aussi, toute tentative de le conformer à ce qui existe par ailleurs est une altération de ce qui en est la nature. Le royaume de Dieu tient à un seul élément : une pierre, celle qui fut rejetée par les bâtisseurs, mais choisie et précieuse devant Dieu : 1 Pierre 2,6-7. Tout tient à elle et en elle. Tout ce qui n’est pas elle ne saurait en faire partie, même s’il s’en revendique.

Le point exact où la pierre touche la statue situe le moment où le royaume de Dieu fera son apparition dans le monde. La pierre frappe les pieds qui symbolisent dans la statue le 4ème royaume : l’empire romain. Au temps fixé par Dieu, le Christ est entré dans le monde : Michée 5,2 ; Galates 4,4. Ce temps précis correspond au moment exact du recensement ordonné par l’empereur romain : Luc 2,1, décret qui obligea Joseph et Marie à se rendre à Bethléem, ville de David, lieu où, selon la prophétie, devait naître le Messie : Luc 2,2 à 7 ; Michée 5,1. La naissance de Jésus dans ce monde accomplit à la lettre toutes les prophéties, celles qui ont pour objet les Juifs, peuple élu, et celles qui touchent à l’histoire des nations. La crédibilité de la Parole de Dieu tient au fait que ce qui s’accomplit a été annoncé longtemps d’avance : Esaïe 41,26 ; 46,10. Nul autre livre ne lui est comparable !

Elévation de Daniel : v 46 à 49

Saisi par l’exactitude des propos de Daniel et la révélation que lui apporte l’explication qu’il donne de son rêve, Nabuchodonosor, si grand soit-il, ne peut réagir que d’une seule manière. Suivant l’élan de son cœur, il tombe face contre terre devant Daniel et déclare reconnaître le caractère unique, supérieur et souverain du Dieu dont il est le serviteur. Le renversement est spectaculaire. Alors que, dans son intention première, il voulait faire de Daniel et de ses amis des sujets de l’élite babylonienne, c’est lui qui, en fin de course, se retrouve à terre pour se déclarer sujet du Dieu de ceux-ci.

L’effet produit par la révélation apportée par Daniel ne s’arrête pas là. Il ne se limite pas à la conversion spirituelle du roi. Il retombe en bien sur ceux qui en furent les agents. Elevé par le roi, couvert de riches présents, Daniel se voit promu commandeur de la province de Babylone et nommé chef de tous les sages du royaume. Ses amis partagent cette gloire collatérale, en étant, sur la demande de Daniel, chargés de toute l’administration de la même province. Daniel fait partie de l’élite. D’une certaine façon, le roi a atteint son objectif. Mais Daniel n’a rien perdu. Il n’a rien dû sacrifier de son identité spirituelle. C’est tel qu’il est qu’il occupe la position à laquelle le roi l’a élevé. Fidèle à Dieu, entouré par Sa grâce, il ne s’est pas mis en marge, mais a trouvé sa place dans le système dans lequel, par force, on l’a contraint à vivre.

Daniel est la démonstration de la capacité qui est donnée aux enfants de Dieu de vivre dans le monde sans être du monde : ce qui est la volonté du Christ pour chacun de Ses disciples : Jean 17,9 à 11,14 à 16. Face à la puissance et la pression du système qui voudrait nous formater, nous couler dans la masse, Daniel nous encourage à ne pas céder, ni craindre. Celui qui vit en nous est plus fort que celui qui est dans le monde : telle est la victoire de notre foi qui, par le Christ ressuscité, triomphe du monde : 1 Jean 5,4-5. La question se pose pour chacun : sommes-nous des Daniel dans ce monde ? Sommes-nous prêts à l’affronter tel qu’il est, muni de la force qui nous vient du Christ ? Ou le fuyons-nous, nous cachant dans notre retraite et confessant quelque part que le monde est plus fort que nous, que notre foi ? Que Dieu fasse de nous, mais aussi de nos enfants, une génération de témoins du Christ sans compromis et sans concession, par qui le monde reconnaîtra qui est le Dieu véritable, celui qui seule mérite adoration et soumission !

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