Banquet du roi Belshatsar : v 1
à 9
Nabuchodonosor disparu, Belshatsar monta sur le trône vacant
et devint la figure principale du royaume de Babylone. On pourrait penser que
le nouveau roi a pris acte des expériences de son prédécesseur. Il n’en est
rien. Comme beaucoup d’autres le font, Belshatsar entre dans son règne comme
si, avec lui, une nouvelle page s’écrivait. Pour n’avoir ni la sagesse, ni
l’humilité d’apprendre de celui qui l’a précédé, il ira de manière rapide et
imbécile vers son jugement. L’histoire juxtaposée des deux rois est riche
d’enseignement. Elle souligne le fait que lorsque la nouvelle génération qui se
lève n’apprend pas des fautes et des erreurs de celle qui l’a précédée, la
catastrophe survient pour elle de manière plus radicale. En refusant
d’apprendre de celle qui l’a précédée, la nouvelle génération ne devient pas
plus intelligente, mais plus stupide. Si Nabuchodonosor est corrigible, Dieu va
estimer que Belshatsar ne l’est pas. Bien qu’arrogant et fier, Nabuchodonosor
n’était pas un imbécile. Ce dont il se vantait était, hormis le fait que tout
est dû à Dieu, d’une certaine façon justifié. C’était lui qui avait donné à
Babylone sa grandeur, son lustre dans le monde. Belshatsar, qui lui succéda,
n’avait rien fait en comparaison. Comme un enfant gâté, il avait juste hérité
des richesses acquises par le père de la nation. Il n’en connaissait ni la
valeur, et n’avait aucune conscience de la fragilité de leur pérennité.
Immature et nain en comparaison de son prédécesseur, il va bêtement et en un
instant gaspiller l’héritage reçu. Il ne fera, par sa stupidité, qu’accomplir
la vision donnée des années auparavant par Dieu à son ancêtre : Daniel 2,38-39.
Un facteur commun réunit Belshatsar, Assuérus et Hérode,
trois dirigeants païens, dans le processus qui les conduira à commettre une
lourde faute : l’alcool : Esther 1,10 ;
Marc 6,21 à 22. Les trois prirent une décision malheureuse alors qu’ils
étaient en train de faire la fête et que l’alcool leur tournait la tête. Si,
pour le second, la décision connut un dénouement heureux, Belshatsar et Hérode
paieront cher la légèreté avec laquelle ils se seront exprimés. Il y a toujours
danger à être rempli d’autre chose que de la crainte ou de l’Esprit de Dieu. Le
vin, l’alcool en particulier est source de grandes folies, regrettables parfois
le reste de ses jours. Job, qui connaissait les pouvoirs dévastateurs de
l’euphorie, ne manquait pas d’intercéder avec ferveur pour ses fils et ses
filles suite à leurs moment de fêtes : Job 1,4-5.
L’imbécilité, l’euphorie rendent l’homme vulgaire et
inconscient de la gravité de ses actes. Le réveil va être à la hauteur de la
folie. Oublieux de l’existence d’une frontière entre le sacré et le profane,
Belshatsar, pour épater la galerie, va commettre l’irréparable. Ordonnant qu’on
lui apporte les coupes d’or et d’argent rapportées du temple de Jérusalem, il
va défier Dieu en offrant à ses amis de trinquer avec elles à la gloire des
idoles de son royaume ! Belshatsar est le type même du moqueur !
Alors qu’il dit ne pas croire au Dieu de la Bible, il ne peut s’empêcher dans
ses pires excès de le prendre pour cible de sa raillerie. Mal lui en
prendra ! Car, quoi qu’on sache de Dieu, on ne se moque pas impunément de
Lui. La faute du roi n’est pas due à l’ignorance. Elle est une provocation qui
appelle une juste réponse du concerné. A la consternation de tous, elle se
manifestera sur le champ.
Enfermé dans les limites étroites de son univers, on peut
faire le malin face à Dieu. Tous autres sont les sentiments qui nous habitent
lorsque, soudain, on se trouve face à Lui. La morgue s’efface pour faire place
à la terreur. S’il semble que l’on puisse tout se permettre à l’égard de Dieu,
que le moqueur le sache : vient inévitablement le moment où Dieu va parler.
Qui doit faire face à Dieu et rendre compte de la folie de ses actes doit le
savoir : c’est la chose la plus terrible que de tomber entre les mains du
Dieu vivant et courroucé : Hébreux 10,31.
Unique responsable de sa folie, Belshatsar est aussi seul à l’affronter. Aucun
de ses sages n’est en mesure de lui fournir l’explication des mots que la main
du juge vient d’écrire sur le mur de chaux de la salle des fêtes. L’heure est
venue pour le roi de connaître ce qu’il aurait dû avoir le soin d’apprendre
avant de monter sur le trône !
Appel à Daniel : v 10 à 16
Si le roi Belshatsar, entrant dans son règne, a fait fi du
passé et de la sagesse que les expériences de son père auraient pu lui
procurer, tous n’ont pas eu cette amnésie. Le souvenir du témoignage laissé par
Daniel au temps de Nabuchodonosor est bien présent dans la mémoire de la reine.
Elle suggère donc au roi de faire appel à lui pour résoudre l’énigme que
représentent les mots inscrits sur le mur du palais par la main surnaturelle.
Pour convaincre le roi, la reine ne va pas dans la modestie au sujet du
prophète hébreu. Daniel est pour elle quelqu’un de nettement supérieur à tous
les autres sages. Il est habité ce qu’aucun autre ne possède : des
lumières, de l’intelligence, une sagesse divine et une faculté hors du commun
de comprendre et d’interpréter les visions.
Si, pour un temps, ce que Dieu a fait a été oublié, il
suffit parfois de peu pour que cela soit rappelé au bon souvenir de ceux qui
voudraient en oblitérer la mémoire. Les hommes passent, les œuvres de Dieu
subsistent d’âge en âge. Il a pris soin par sa Parole de conserver pour toutes
les générations le souvenir de Ses hauts faits dans l’histoire. Depuis
longtemps, Moïse, Elie ou Daniel ne sont plus. Mais le témoignage de leur vécu
avec Dieu, comme celui du premier qui a cru, parle encore : Hébreux 11,4. Le ciel, la terre, les royaumes, les
rois, les dictateurs passeront, mais la Parole de Dieu, d’âge en âge, subsiste.
Si aucune parole de Dieu ne tombe à terre : 1
Samuel 3,19 ; Esaïe 55,11, il en est de même pour chacune de Ses
œuvres. Croyons que là où nous avons agi sous le coup de l’inspiration auprès
d’une personne pour Lui rendre témoignage de Christ, notre parole n’est pas
perdue. Dieu peut à tout moment susciter une circonstance propre à la rappeler
et à l’actualiser. Oublié de la fête, Daniel va en devenir la figure centrale.
Le malheur aurait pu être évité à Belshatsar si, dès le début, il avait opté
pour qu’il en soit ainsi. Oublier Dieu, le mettre de côté, c’est se passer
volontairement de la pièce centrale de toute entreprise, celle sans laquelle
rien ne peut durer. Que la faute de Belshatsar nous enseigne à placer en toutes
choses dans nos vies la priorité des priorités : la seigneurie de Dieu sur
nos vies !
Explications de Daniel : v 17 à
30
Soulagé par l’opportunité d’avoir par Daniel une explication
aux mots écrits sur le mur du palais par la main surnaturelle, Belshatsar est
prêt à élever le prophète à la plus haute place d’autorité possible dans son
royaume. Daniel, qui ne comptait pour rien jusqu’alors, a soudainement aux yeux
du roi un prix inestimable. Ainsi en sera-t-il, au jour du jugement, pour tous
ceux qui, dans le temps de leur tranquillité, méprisaient Dieu. Ce qui n’avait
aucune valeur à leurs yeux deviendra, selon l’ordre logique des choses, le
sujet central de leur préoccupation : cf Luc 16,19
à 31. Heureux celui qui, dès maintenant, sait donner à Dieu, dans l’ordre
des priorités, la première place !
L’offre de promotion que fait le roi à Daniel ne l’intéresse
pas. Il la déclinera. Daniel n’est pas achetable. Pour qui possède la richesse
de la connaissance de Dieu, les honneurs et les richesses de ce monde sont sans
valeur : Genèse 14,21 à 23. C’est par
fidélité à Dieu et à la mission de témoin qu’Il lui a donné que Daniel s’acquittera
de son service, et non pour quelque intérêt que ce soit.
Daniel ne dira pas autre chose au roi que ce que j’ai dit au
début du chapitre. Les mots inscrits sur le mur de chaux de la salle de la
profanation sont sans appel pour le roi. Contrairement à ce qui fut accordé à
son père, Belshatsar ne bénéficiera d’aucune grâce, d’aucun délai pour se
repentir. Belshatsar était l’héritier de son père, de son royaume et de son
trône certes, mais aussi de son vécu, des leçons de sagesse que Dieu lui avait
enseignées. Ayant méprisé cet héritage de la plus ignoble et stupide manière,
il doit en payer le prix. Daniel est formel : pesé à la balance de Dieu,
le roi a été trouvé trop léger. Le règne de Belshatsar, indigne de sa fonction,
lui sera donc retiré pour être confié à d’autres. La prophétie de Daniel n’est
pas vague, mais précise. Elle va jusqu’à identifier la puissance qui va renverser
l’empire babylonien : les Mèdes et les Perses.
Subjugué par le pouvoir de révélation que possède Daniel,
Belshatsar ordonne qu’il soit élevé au rang qu’il lui a promis. En vain !
La nuit même de son outrage à Dieu, les Mèdes et les Perses passeront à l’attaque
et le roi sera tué ! Le « trop tard » de Dieu avait sonné pour
lui !
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