mardi 30 avril 2013

Chapitre 6



Jalousie des chefs envers Daniel : v 1 à 10

Belshatsar tué, Darius, le Mède, lui succéda à la tête d’un nouvel empire. Afin d’en assurer la cohésion et l’unité, Darius désigna 120 gouverneurs (appelés satrapes) chargés de faire appliquer les lois et la politique du royaume. Les 120 satrapes furent placés sous l’autorité d’un triumvirat de trois chefs choisis, parmi lesquels se trouvait Daniel, auxquel ils devaient rendre compte de leur administration. A la recherche d’hommes compétents, Darius n’avait pas tardé à remarquer la supériorité spirituelle de Daniel, le juif.

La nomination de Daniel à ce nouveau poste d’autorité ne fit pas des heureux. Pour les deux autres chefs comme pour tous les satrapes, Daniel devint l’homme à abattre. Le texte ne nous donne pas la raison de cette hostilité unanime contre sa personne. Il y a fort à parier qu’elle soit faite à la fois de mépris pour sa race et de jalousie à l’égard de sa personne. Etre sous l’autorité d’un Juif, devoir lui rendre compte de son administration étaient plus que ses gouverneurs païens ne pouvaient supporter. Pour le renverser de son poste, les ennemis de Daniel n’avaient qu’une seule possibilité : trouver en lui une faute constituant un motif d’accusation suffisamment grave pour obliger Darius à le destituer.

Bien que nombreux et motivés, les adversaires de Daniel ne trouvèrent rien dans la façon dont Daniel assumait ses responsabilités qui puissent servir leur projet. Daniel était irréprochable. Il ne commettait ni infraction, ni écart. Il surpassait ses ennemis, non seulement par son intelligence spirituelle, mais encore par son intégrité. Incapables de le prendre en faute dans le domaine de sa charge, les ennemis de Daniel n’eurent plus qu’un recours pour le faire tomber : trouver dans sa vie privée une faille qui le mette dans l’illégalité quant à la loi du royaume. Comme il n’y en avait pas, la coalition en créa une. Au nom de tous les chefs, une loi nouvelle fut proposée au roi ordonnant que quiconque fut trouvé, dans les 30 jours, en train d’adresser des prières à quelqu’un d’autre que lui, soit jeté dans la fosse aux lions. Le roi commit ici une double erreur : il ne vérifia pas si l’unanimité avancée par les promoteurs de la loi était réelle (s’il avait interrogé Daniel, qu’il estimait, il se serait aperçu de la supercherie et aurait rapidement discerné les motivations qui en étaient à l’origine), il ne réfléchit pas au caractère insensé du projet de loi (il ne vit que la flatterie qu’il représentait pour son égo).

La manière d’agir des ennemis de Daniel nous en dit long sur la différence de modèle de gouvernance existant entre le royaume de Babylone et celui des Mèdes et des Perses. Sous Nabuchodonosor, la dictature du régime était exercée par un homme. Souverain sur tout et tous, le roi décidait selon son bon plaisir ce à quoi ses administrés devaient se soumettre : Daniel 3,1-2. Sous Darius, c’est par l’entremise de la loi que la dictature s’impose. Irrévocable, la loi est souveraine sur tous les sujets du royaume, le roi y compris. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Si certains régimes fonctionnent comme celui de Nabuchodonosor, d’autres, sous l’apparence de la démocratie, le font comme celui de Darius. La suite du récit le démontre : l’un n’est pas meilleur que l’autre. Les deux peuvent se montrer aussi répressifs à l’égard des opposants et des récalcitrants à leur volonté !

Daniel dénoncé au roi : v 11 à 19

Le décret de loi publié, Daniel ne changea rien à ses habitudes. Trois fois par jour, il se retirait chez lui pour continuer à prier et louer son Dieu, orienté vers Jérusalem. Bien qu’exilé loin de son pays depuis des années, Daniel n’avait en rien renié son identité juive. Ses adversaires, qui le connaissaient, le savaient : Daniel était trop attaché à son Dieu et à sa foi pour se laisser impressionner par un interdit et infléchir l’exercice quotidien de sa piété. La régularité à laquelle il s’y adonnait fit que ses ennemis ne durent pas attendre longtemps pour le surprendre en flagrant délit de transgression de la loi nouvelle promulguée. Daniel fut dénoncé à Darius.

Suite à cette délation, Darius comprit la motivation qui était à l’origine du projet de loi des chefs. Derrière lui, le but poursuivi était unique : non l’unité du royaume ou la gloire du souverain, mais la destitution de Daniel de la position qu’il occupait et sa mort. Connaissant la valeur irremplaçable de l’homme, Darius en fut très affecté. Il tergiversa, chercha toute la nuit une solution pour éviter à Daniel la sanction prévue par la loi. Mais il ne trouva aucune issue. Ce n’était pas seulement Daniel, mais lui-même qui était pris au piège du système par lequel s’exerçait le gouvernement du royaume. Sous peine de discrédit et de trahison à la propre loi de l’empire, Darius, la mort dans l’âme, dut s’exécuter. Désormais, il le savait, une seule instance pouvait sortir le prophète du guêpier dans lequel il se trouvait : le Dieu de Daniel. C’est à Lui que, contre lui-même, Darius s’en remit, tout en livrant Daniel aux lions !

Délivrance miraculeuse de Daniel : v 20 à 29

On n’est jamais déçu quand, dans l’impasse, on s’en remet totalement et exclusivement à Dieu. Bien que païen, Darius est, par son attitude, l’exemple même de la façon avec laquelle un croyant doit se comporter dans son attente du secours de Dieu. Premier responsable du malheur qui arrive à Daniel, Darius a d’abord cherché lui-même à corriger son erreur. Pris au piège, il a manifesté tout le remords et la tristesse pour les préjudices que sa décision irréfléchie a occasionnés à Daniel. Impuissant pour changer la situation, il l’a remise à Dieu, priant que la fidélité de son serviteur à Sa Personne soit récompensée. Enfin, profondément affecté, il a passé la nuit d’attente qui le séparait du moment où Daniel fut jeté dans la fosse aux lions jusqu’à celui du constat de ce qui lui est advenu, dans le jeûne, l’insomnie et l’angoisse.

A la lecture du récit, nous ne savons pas dans quels sentiments Daniel a vécu l’épreuve. Tout l’accent porte sur l’attitude de Darius, son apprentissage dans la foi et la connaissance du Dieu de Daniel. Connaissant Daniel, nul doute qu’à l’image de ses amis : Daniel 3,16 à 18, celui-ci était prêt à payer de sa vie son attachement à Dieu. Mais, comme Il l’a fait pour les deux rois précédents, Dieu voulait par Daniel se révéler à Darius. Il exaucera donc la prière de dernier recours, telle une bouteille jetée à la mer, du souverain.

La nuit passée, une seule pensée occupait l’esprit de Darius : qu’était-il advenu de Daniel ? Plein d’inquiétude, le roi s’approcha de la fosse, tiraillé entre l’espérance du miracle et la crainte de faire face à l’inéluctable. S’adressant à Daniel, il voulait avoir la réponse au souhait de la foi qu’il avait adressé à Dieu pour lui. Le Dieu de Daniel avait-il sauvé son serviteur ? Etait-il descendu avec lui dans la fosse pour le garder ? L’attente ne durera pas ! Au lieu du silence, la voix sereine et vivante de Daniel se fit entendre ! Oui, Dieu, le Dieu de Daniel, avait agi ! Il avait fermé la gueule aux lions qui n’avaient fait aucun mal à Son serviteur. Subjugué, le roi ordonna qu’on sorte au plus vite Daniel de là. Au-delà de la délivrance, l’innocence de Daniel, face aux accusations de rébellion portées contre lui, était établie. Dieu avait tranché : les mauvais n’étaient dans l’affaire, ni Daniel, ni Darius, mais les accusateurs jaloux du prophète. Le roi ne fit pas de quartier. Il appliqua à leur encontre la loi du talion et ordonna que ceux-ci, avec leurs familles, soient jetés vivants dans la fosse aux lions. Ils n’eurent pas le temps d’arriver au fond. Les lions s’étaient jetés sur eux et avaient brisés leurs os en pleine chute.

La fin des ennemis de Daniel ne fit que confirmer le témoignage rendu à Dieu par la délivrance miraculeuse du prophète. A l’instar de Nabuchodonosor, après la sortie des amis de Daniel de la fournaise ardente : Daniel 3,29, Darius ordonna à tous les sujets de son empire que le plus grand respect soit montré envers le Dieu de Daniel, le Dieu vivant, éternel qui, seul, peut faire des prodiges.

Alors que se termine ici le récit des aventures de Daniel et ses amis, une leçon s’impose. Il arrive souvent que, devant la menace de la persécution, nous prions que les croyants soient épargnés. Le témoignage de Daniel et ses amis est là pour dire que ce n’est pas en en évitant à Ses fidèles l’épreuve que Dieu se révèle de la façon la plus magistrale, mais en la traversant avec eux ! Dieu n’est jamais aussi réel et aussi proche de nous que dans les situations les plus impossibles. C’est dans les détresses les plus extrêmes que la vie de la foi est la plus grande. Sans Lui, Jésus nous l’a dit, nous ne pouvons rien faire : Jean 15,5. Heureux celui qui en fait l’expérience !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire